de Brandon Cronenberg Caleb LandryJones, Sarah Gadon, Malcom MacDowellCanada Canada/USA 1h44 VOST La vie a déçue vos éspérances, vous avez définitivement abandonné l'idée de changer le monde, si tant est que vous l'ayez jamais désiré, et vous vous consolez dans la contemplation des riches et des célèbres, tous ces gens vivants une vie glamoureuse, une suite sans fin de fêtes et d'extravagances, une vie que vous ne connaitrez jamais. C'est beau, c'est bien et c'est humain, vous n'avez pas à vous le reprocher, mais il arrive parfois que la lecture des magazines people engendre une légitime frustration. Assister passivement au bonheur des autres ne vous suffit plus, vous aspirez à davantage, un contact, une fusion, quel qu'en soit le prix? C'est là que la clinique Lucas entre en scène: par l'intermédiaire de ses services, et pour une somme conséquente, vous pourez partager un peu de la part la plus intime et la plus répandue de vos stars adorées: leurs maladies. "It's a weird business, Syd". Oui, c'est un travail étrange que celui de Syd Marsh, employé diaphane et souffreteux de la clinique Lucas, et il n'a pas attendu cet aveu tardif de son employeur pour le comprendre...et en tirer parti, car dans ce monde dystopique si proche du notre, il y a de l'argent à faire sur la misère affective d'un monde déboussolé. Syd se rend donc chez les stars éphémères du "glam business" afin d'y prélever les maladies qu'il inoculera par la suite à prix d'or à ses clients, mais il ne s'arrête pas là.Toute addiction entraîne un marché noir, et Syd y participe en s'injectant des échantillons qu'il revend illégalement à des dealers; un traffic de pains cellulaires que le lumpemproletariat s'arrache sous forme de burgers...Une affaire qui roule donc, jusqu'au jour où Syd croise la trajectoire d'Hanna Geist, star la plus célébre du moment, à laquelle il a soustrait comme d'habitude l'infection, avant d'apprendre qu'elle en est morte. Problème: Syd est désormais porteur d'une maladie mortelle, alors qu'une enquète interne recherche un traitre, que les dealers cherchent à mettre la main sur lui, et qu'une mort imminente et douloureuse le guette.... Une impression de déjà vu? Vous avez l'impression d'être en terrain connu? C'est peu-être que vous avez déjà vu un film de David Cronenberg! Sauf qu'il s'agit là du premier film de son fils, Brandon. Oui, je sais ce que vous allez dire: "encore un fils de", et je ne pourrais pas vous donner entièrement tort, tant la thématique qui sous-tend ce film rappelle celle des premiers films du père. Toutes les gazettes s'en ayant fait l'écho lors de son passage à Cannes dans la catégorie "un certain regard" en 2012, je ne vais pas m'y attarder. Comparaison n'est pas raison, mais force est de constater que le fils s'efforce de tuer le père en reprenant les thèmes qui ont fait son succès tout en s'éloignant de l'évolution "mainstream" qui ont fait de son père un auteur respectable aux yeux de la profession (qui a dit ennuyeux?). Dans la lignée des films uchroniques "low tech", comme "Primer" en 2005 ,ou récemment "Carré blanc", Antiviral interroge une modernité pervertie avec une acuité dérangeante. Reprenant l'argument de son premier court-métrage "Broken tulips", Brandon Cronenberg développe sa réflexion sur le cannibalisme intrinsèque à tous sentiment amoureux, ce désir qui nous pousse à dévorer l'objet de notre fascination, son dévoiement par la société des médias dans laquelle nous vivons aujourd'hui, et le contrôle des masses qui en découle.Assisté dans son effort de tuer le père par une compagnie des comédiens hors-pairs, au premier rang desquels il faut saluer la prestation de Caleb Landry jones, qui peut postuler au rang de nouveau Brad Dourif (et ce n'est pas un mince compliment),il s'appuie sur la photo du génial Karim Hussain, contribuant à créer une ambiance clinique, désincarnée, blafarde, à l'image de nos passions mortes. Vous voulez savoir à quoi le monde de demain (ou d'après demain) ressemblera? Demandez à Brandon, mais ne venez pas vous plaindre, parce que ce ne sera pas beau à voir.
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