de Tobe Hooper, avec Marilyn Burns, Allen Danziger, William Vail, Gunnar Hansen 1974 / 1H30 / VF (seule copie 35 mm disponible en France!) Texas,1974. La radio annonce qu'un cimetière a été profané, les corps exhumés et exhibés en une mise en scène macabre.Non loin de là un groupe d'amis voyageant dans une camionnettte prennent un autostoppeur qui finit par les agresser et dont ils se débarassent à grand peine. Choqués, et à la recherche d'un coin où se reposer, ils font halte près d'une maison délabrée qui semble abandonnée. Evidemment ils se jettent dans la gueule du loup, et vont devenir les gibiers d'un géant au visage recouvert d'un masque en peau humaine et armé d'une tronçonneuse XXL, ainsi que de toute une pittoresque parentèle de dégénérés dont le loisir consiste en une variante très texane d'art brut qui consiste à créer des sculptures monumentales à base d'os humains et d'animaux de basse-cour (très chic). On à peine à imaginer de nos jours le choc qu'a constitué pour toute une génération de cinéphiles (et de plagiaires pègreleux) la découverte de ce diamant brut du cinéma d'horreur. Sans aucun recours au fantastique ou au surnaturel, mais bien au contraire enfoncé jusqu'au cou dans un hyper-réalisme poisseux, Tobe Hooper parvient à créer paradoxalement une atmosphère cauchemardesque et irréelle par son refus de tout psychologisme et de toute rationnalité. Tourné en 16 mm puis gonflé en 35, le film développe un grain énorme et des teintes hideuses oscillant entre le vert morveux et le jaune vomi, soutenu par une musique bruitiste anxiogène et des plans de coupe d'un soleil térébrant dont la seule présence suffirait à rendre fou furieux le plus flegmatique des lamas tibétains; autant d'indicateurs du destin des malheureux personnages: comme les yeux et les oreilles des spectateurs tétanisés, ils vont morfler. Sur de telles prémisses n'importe quel tâcheron serait parti bille en tête et aurait baclé vite fait mal fait un slasher movie dont le seul intéret aurait consisté à deviner de quelles manière le tueur de service allait dessouder la floppée de teenagers érotomanes et donc éminement punissables qu'un scénariste paresseux allait lui servir; d'ailleurs c'est exactement ce que fera la meute d'épigones de ce film matriciel dans les années 80, avec le succès que l'on sait. Rien de tel chez Hooper, au contraire.Les personnages sont suffisamment caractérisés pour échapper à la caricature. Le sang y coule finalement peu, mais à point nommé, car le film repose moins sur la surenchère d'effets gores que sur les ambiances visuelles (décors surchargés de sculptures surréalistes morbides) et sonores ( stridences de la musique incidente, rugissement de la tronçonneuse, hurlements), ainsi que sur un montage privilégiant des collages de plans que n'aurait pas désavoué le Bunuel d'un chien andalou. Refusant tout happy end, se dérobant à toutes tentatives d'explications, le film a naturellement suscité des tombereaux de commentaires, certains allant jusqu'à y voir la métaphore d'une Amérique moribonde de n'avoir pas su mener à terme la vague contestataire de la décennie précédente, quand d'autres voyaient dans cette famille d'employés des abattoirs mis prématurement au chômage et poursuivant leur mortifère sacerdoce contre la population la promesse d'un châtiment qu'une guerre finissante allait faire tomber sur le pays avec le retour des troupes au bercail (la guerre de Vietnam s'achevait un an après). Brulôt politique ou pamphlet nihiliste, au fond peu importe, car Massacre... demeure le film emblématique d'une décennie unique dans l'histoire du cinéma américain, pendant laquelle on a pu croire à l'avènement d'un cinéma expérimental ET populaire. Tobe Hooper quant à lui, restera l'homme d'un seul film, le reste de sa carrière n'étant jalonné que de desèspérants navets; mais rien que pour ce film, il méritait qu'on lui rende justice. Voilà qui est fait.
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