C'est le retour du PIFFF, mon festival français de films fantastique préféré, non pas qu'il ait une programmation plus fouillée que l'Etrange Festival ou le Festival de Gerardmer, mais parce que son caractère bon enfant, sa volonté de mettre en avant de jeunes réalisateurs et le fait que ce soit le public qui élise le meilleur film me rappelle un peu les grandes heures du Festival du Fantastique du Rex dans les années 80. C'est parti pour une chronique-minute de cette première journée de festival. the greasy strangler Ca commence très fort avec le premier long-métrage de jim Hosking, qui s'annonce déjà comme l'Ovni du festival, du film culte en puissance, et un défi à tout chroniqueur s'avisant bien imprudemment de vouloir le résumer. The Greasy Strangler nous raconte la vie quotidienne d'un père et de son fils vivant en vase clos dans une banlieue paumée de Los Angeles, passionnés de disco, que l'arrivée d'une femme va dresser l'un contre l'autre, tandis qu'au dehors rode un terrible serial killer, "the greasy strangler" du titre. Se pourrait-il que le père, qui aime ses saucisses frites dans un bon litre d'huile d'olive, soit impliqué? Bon soyons clair, l'intrigue n'a aucune importance et le suspens s'évapore au bout d'un quart d'heure. Comédie trash et non-sensique évoquant très fort les univers de John Waters et Quentin Dupieux, volontairement provocateur, le film est construit sur un mélange de blagues scatologiques et de comique de répétition qui pousse le langage jusqu'à l'absurde. Inégal, parfois insupportable, parfois irrésistible, The Greasy Strangler est de ces films qu'on aime ou qu'on déteste absolument. Pour ma part, et en dépit de longueurs un peu pénibles, j'y ai trouvé assez de qualité pour regretter que le film ne bénéficie pas d'une sortie en salle, mais DTV. Mention spéciale pour un casting digne d'un Mocky et une bande-son excellente, mais je dois vous mettre en garde, ce n'est pas pour tout le monde. Un auteur à suivre. the unseen Sans doute le film le plus interessant de la journée. Réalisé par Geoff Redknapp, un homme issu des effets spéciaux, il fait preuve d'une étonnante sensibilité et d'une sobriété plus que bienvenue en traitant son sujet. The unseen, c'est l'histoire d'un "col bleu", Bob Langmore dont la vie part à vaux l'eau. Séparé de sa femme, n'ayant pas revu sa fille depuis des années, se droguant pour tenir le coup, il va répondre à l'appel de son ex lors que celle-ci lui apprend que sa fille a disparu. Mais Bob, en plus de sa vie délitée, à un secret: il disparait. Physiquement. Mélant le thème de l'homme invisible à l'univers des romans "white trash" de Daniel Jay Pollock, The Unseen manie avec élégance le mélange des genres en se focalisnt sur une relation père-fille où la dimension fantastique du récit est utilisée à bon escient: comme une métaphore. Le casting est impeccable, la mise en scène naturaliste et la direction d'acteurs sans faute. Il est tellement rare de voir des personnages exister en tant que tel dans un film de genre, rien que pour ça, le film mérite d'être vu. Acheté par Studio Canal, il y a une petite chance que le film bénéficie d'une sortie en salle, en tous cas il le mérite largement. prince of darkness Projection très bien venue d'un classique de John Carpenter sur grand écran. J'avais toujours eu tendance à le sous-estimer, l'ayant découvert à la télé dans les années 80. Erreur! Prince of Darkness est un grand Carpenter, qui prend sa juste dimension dans le format pour lequel il a été conçu, la salle de cinéma. Entièrement construit sur une savante progression de l'angoisse induite par des ambiances davantage que par des gimmicks de scénario, chaque détail à son importance, de nombreux plans que j'avais trouvé plats ou purement informatifs ont pris une autre dimension lorsque je les ai revu. ils font sens. Prince of Darkness ne démérite pas dans sa volonté de produire le sentiment d'angoisse et de fin du monde lovecraftienne s'inscrivant dans ce qu'on a appelé sa "trilogie de l'apocalypse", entre The thing et l'Antre de la folie. C'est une leçon qui mérite d'être répétée: le cinéma se passe en salle, à l'échelle à laquelle les oeuvres ont été conçu pour produire l'effet escompté, pas sur une tablette, pas sur une télé, aussi grande soit-elle. the mermaid Dernière bonne surprise de la soirée, dont je n'attendais pas grand chose. Le film de Stephen Chow, qui a jadis cartonné avec Shaolin soccer, reprend les même recettes et arrive à nous faire rire en dépit d'un humour propre aux productions comiques hong-kongaises qui ne sont pas sans rappeler les pires heures de Nando Cicero ou Philippe Clair, oui, je l'ai dit. Mais ce qui sauve cette comédie, c'est son absence totale d'inhibition, son sens du timing, son mépris absolu du politiquement correct, et surtout, comme dans shaolin soccer, son énergie hystérique qui vous gagne à l'usure. The mermaid, histoire de guerre et d'amour entre humains et sirènes, se donne moins comme une réflexion sur notre responsabilité par rapport à la nature que comme un Grand Huit numérique destiné à nous divertir, et je dois à la vérité de dire, qu'il a parfaitement atteint son but!
2 Commentaires
Blendish Baron Nozischê
10/12/2016 12:06:05
Belle et intéressante chronique! Le premier film fait saliver...! Quant à Prince of darkness, j'essayerai de le voir sur grand écran, alors, parce que la semaine dernière j'ai vu le dvd et j'ai eu du mal à aller au bout... moins pénible que le lourdissime "Invasion Los Angeles" qui m'a fait penser à un porno sans sexe, mais un sacré pensum néanmoins.
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CabineFever
10/12/2016 15:34:39
Grand merci pour ton commentaire, Blendish, même si je ne partage pas du tout ton avis sur "Invasion Los Angeles". Je te propose d'en débattre calmement autour d'une pinte.
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