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après la bataille:  koblic

19/7/2017

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Le nouveau film de Sebastien Borenztein divise la critique comme l'équipe de Cabine Fever; ce Néo-Western crépusculaire sur les années de dictature chilienne atteint t'il son but?   Sophie nous livre son analyse sur la question, auquel  j'ajouterai mon grain de sel.
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koblic, un incorruptible dans la pampa


Avec Koblic, Sebastien Borensztein revient sur le douloureux souvenir de la dictature militaire, tache originelle qui marque toute l’Histoire de l’Argentine contemporaine. Pourtant le film ne propose pas la fresque épique, engagée et didactique que l’on pourrait attendre. Avec ce portrait d’un fugitif à la conscience douloureuse, terriblement esthétisant et terriblement américain, Borenzstein transcende littéralement son sujet. Reste à savoir s’il ne le perd pas légèrement de vue.




pampa, dakota, montana

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Tomas Koblic est un capitaine d’aviation au sommet de sa carrière. Mais c’est avant tout un déserteur: le film s’ouvre sur un long plan séquence nous le présentant de dos, marchant d’un pas lourd dans l’obscurité. Le ton est donné: de Buenos Aires, de la dictature et de l’aviation militaire on ne verra que l’ombre, le souvenir, le remord. A travers un cauchemar bleu acier Koblic va revire sans cesse ce “vol de l’ange” durant lequel il a refusé d’ouvrir la trappe mais n’en a pas moins assisté passivement à la destruction par le vide d’une cargaison d’opposants politiques parmi tant d’autres. L’horreur muette de ces séquences récurrentes, esthétisées jusqu’à l’abstraction mais d’une précision et d’un réalisme à peine soutenables dans ce qu’elles décrivent, revient inéluctablement rythmer le récit. Ces piqûres de rappel assassines qui tourmentent la conscience meurtrie de Tomas dessinent son chemin de croix: on ne peut pas fuir sa propre conscience.



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Pourtant, malgré la force de ces images qui réussissent à rendre le mal plus terrifiant encore en lui conférant une indéniable beauté, l’essentiel est ailleurs. Le sujet veritable du film c’est la fuite, la traque inhumaine et la suspicion que Borenzstein matérialise par des plans splendides, d’une intensité incroyable, comme des tableaux de Hopper qui s’animent pour dire la mélancolie et l’angoisse sourde de l’individu perdu au sein d’un univers hostile. Un homme, légèrement en retrait ou de dos, un paysage immense inondé d’un soleil implaquable, une route parrallèle à l’horizon: on pourrait être dans
Badlands ou dans L’Homme des hautes plaines. Cette province argentine a donc des airs d’Amérique profonde et les péquenots du cru n’ont rien à envier aux mines patibulaires des consanguins dégénérés que filment les frères Cohen. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si tous ces cinéastes auxquels Koblic fait ouvertement référence comptent Hooper parmi leurs peintres préférés. Le contraste des couleurs, extérieurs orangés et intérieurs bleu vert , l’opposition du dedans et du dehors, de la nature et de la civilisation font irrésistiblement penser au cinéma américain des années 70. On en retrouve également les thèmes essentiels: la paranoïa, la fuite sans espoir, l’illégalité libératrice, la traque et les amours interdites.

Faire de Koblic un film historique serait donc terriblement réducteur. S’il fuit son devoir c’est avant tout son existence (voisins criards, femme plus très belle, appartement miteux) à laquelle il ne veut plus adhérer. L’obligation de devoir se cacher devient alors l’image d’une introspection et d’une remise en cause nécessaire pour trouver la voie de la liberté et du bonheur. Peut-être lâche ou peut-être pas, Koblic est un héros pour le moins paradoxal et complexe, qui crée une empathie trouble à la manière de ces justiciers qui sèment la terreur pour la bonne cause.

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La bonne idée de Borenzstein est de ne pas représenter cette échappée comme une fuite en avant mais d’en faire au contraire un cercle vicieux où le statisme et l’enlisement créent l’angoisse. Bien moins idéaliste et manichéen que ses aînés américains, il ne croit nullement en un ailleurs meilleur.


Notre aviateur échoue donc chez les bouseux, au royaume de l’intolérance, de la délation et de l’injustice. Ce petit microcosme infernal recense tout ce que l’Homme peut avoir de plus vil pour mieux refléter la dictature en place. Le repli sur ces terres sauvages ne ramène donc pas vers une humanité plus pure, loin s’en faut. Justice, honnêteté et morale ont déserté l’Argentine bien avant l’arrivée de la dictature: voilà la triste leçon que Koblic tire de sa cavale. Encore une fois, rien de ce propos politique n’est formulé explicitement mais l’extrême précision du cadrage et des couleurs tient lieu de discours. Si le paysage envahit tout, s’il est devenu nécessaire de se terrer dans l’ombre pour échapper à une lumière aveuglante, c’est que toute forme d’humanisme a disparu: dans un pays où l’on tue les chiens, l’homme ne peut plus être un bon compagnon. Mieux vaut, derrière ses lunettes d’aviateur, jouer le bel indifférent.

Le drame est que cette ombre dans laquelle se tient Koblic (hangar, voiture ou café) est un refuge mais également un piège dans lequel il risque d’être fait comme un rat: ce territoire inhumain va lui même le réduire à l’état de bête traquée. Le petit morceau de fromage sur lequel s’est refermée la souricière? Une femme bien sûr…




une argentine perdue entre western et film noir

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Koblic
est donc tout sauf un film d’action. Hormis dans les dernières minutes, il ne se passe pas grand chose, voire rien du tout. Koblic attend, nous attendons avec lui et de cet engluement progressif dans l’inaction résulte un indicible malaise, une angoisse sourde et poisseuse qui ne nous lâche pas.

Rien n’advient, mais tout est si malsain que l’on redoute en permanence le pire. Car, dès le début, on sent bien que rien ne se déroulera comme prévu. Le premier vol de Koblic pour faire l’épandage des champs de celui qui le cache, travail qui est censé justifier sa présence, est un fiasco. Moteur qui lâche, atterrissage forcé sur une route déserte où celui qui va s’arrêter, forcément, n’est pas animé de bonnes intentions. Le commissaire local, dont le visage criblé de marques disgracieuses fait deviner une âme damnée, est bien trop serviable et bien trop curieux pour être honnête. Non pas qu’il cherche à rendre Koblic à l’armée pour servir son pays, Buenos aires est bien trop loin pour qu’il se soucie de ses lois. Simplement, tel un vieux shérif bougon, trop âgé pour être un gangster mais définitivement inapte à toute forme d’honnêteté, il entend faire régner sa propre loi, celle qui permet à ses congénères de vivre dans l’illégalité en toute impunité. C’est l’humanité, la moralité et les scrupules de Koblic qui l’inquiètent, pas le fait qu’il ait désobéi. Comme chez les Rednecks, l’étranger est forcément l’homme à abattre, celui qu’il faut faire taire avant qu’il ne révèle des secrets embarrassants dont le viol et la corruption ne sont sans doute que des exemples parmi d’autres.


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Cliquer ici pour .Tomas se retrouve donc dans la situation typique du héros de Western. Tel le William Munny d’Impitoyable, il est contraint de tirer dans le tas pour venger l’ami mort pour le protéger et sauver sa peau. Parce que dans ce monde là tuer des meurtriers n’est pas vraiment tuer même si la mine dévastée de notre héros solitaire montre bien qu’il n’est pas non plus tout à fait convaincu que ce soit le meilleur moyen de faire régner l’ordre et la justice. Un sujet de plus à évoquer, s’il s’allonge un jour sur le divan…

On l’aura compris, si à l’écran c’est plutôt Le Désert des Tartares, pour Koblic c’est davantage tempête sous un crâne. Déserter est-il une forme de courage ou de lâcheté, tuer celui qui menace la communauté est-il juste, séduire une femme sans rien pouvoir lui promettre est-il moral?: autant de questions qui justifient l’allure sombre et taciturne de Tomas. Comme les grands héros de Western ou de film noir, notre Koblic est sexy, légèrement misogyne et fait perpétuellement la gueule. Dire qu’il est le nouveau Bogart ou le nouvel Eastwood serait sans doute exagéré mais il revendique incontestablement leur héritage.


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un film sur la mauvaise conscience un peu trop consciencieux?


Après une première comédie, Borensztein entend montrer avec
Koblic qu’il n’est pas un rigolo. Il est capable d’aborder des sujets graves, il a des références et du savoir faire. C’est précisément ce que certains lui reprochent: peut-on faire du cinéma avec tout? N’y a t-il pas des sujets qui imposent une forme de neutralité, une objectivité simple et respectueuse? Il faut dire qu’au moment ou fleurissent biopics et fresques historiques regarder l’histoire par le petit bout de la lorgnette et à travers une fiction languissante est un pari osé. Il nous semble pourtant qu’il convient de remercier Borensztein de rappeler ce qui fait la grandeur du cinéma engagé: analyser et juger le réel à travers la fiction grâce aux moyens qui lui sont propres: sauf à verser dans la propagande un film n’a pas à être laid et mal fichu pour que son propos fasse mouche. Alors, même si on regrettera un happy end artificiel et peu crédible, on a fait avec Koblic un bien beau voyage immobile. Vague à l’âme et mirettes en pâmoison, il n’y a franchement pas de quoi regretter le déplacement.

Par Sophie Louge

mon grain de sel

Sans rentrer dans les détails que Sophie a couvert avec son talent habituel, je me contenterais  d'ajouter quelques commentaires.
Selon moi,en dépit de ses bonnes intentions,  le film s'échoue sur plusieurs écueils.
1) Borenztein joue sur plusieurs tableaux: le film de genre, à savoir le western , le rape and revenge, le drame social et le commentaire politique. Ça fait beaucoup, sauf qu'à moins d'être un maitre dans l’art de mêler les genres,( n'est pas Eatswood qui veut), il peut être difficile de marier le tout sans se perdre Et à mon avis, Borenztein s'est perdu en chemin.
2) Corolaire au point précédent: la mise en scène. Borenzstein avait deux options; soit couvrir le sujet comme un drame réaliste, soit opter pour le thriller "hard boiled". Mais il décide ne ne pas choisir. Résultat: un film hybride assez bancal, qui oscille constamment entre la représentation kitsh des affres moraux dans lesquels se débat le héros, et la volonté de décrire le quotidien des personnages. Le pire moment (attention SPOILER) consistant à révéler la nature du traumatisme du personnage incarné par Riccardo Darinj dans un montage qui déréalise  complètement la violce de l'action
Et c'est tout pour moi , mais je ne doute pas que ce film idiot appelra d'autres commentaires,  en a attendant la prochaine chronique consacrée au meilleuir film fantastique de cette  décénie/ Get out.
Alors restez connéctés.

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