précaution liminaire...Les bonnes manières fait partie de ces films qui méritent qu'on les découvrent vierge de toute information préalable, c'est pourquoi d'une part cette chronique sera volontairement brève et évasive, et d'autre part je vous enjoins à ne lire aucune des critiques publiées dans les médias mainstream, qui éventent allègrement jusque dans leur titraille Le point-clé de l'intrigue, sans parler de l'affiche française, qui dans le genre "je vous ruine la fin du film" fait presque aussi bien que celle de la planète des singes de 1968, vous savez, celle avec la Statut de la Liberté..., ce pourquoi je me suis astreint à ne vous montrer que le strict minimum en terme de visuels, à commencer par l'affiche brésilienne, bien plus intelligente à mon sens en ce qu'elle pose le décor sans rien dévoiler de l'intrigue. Oui, ce film vaut vraiment le coup que vous y alliez les yeux fermés (enfin, on se comprend), car son charme principal vient du fait qu'il est tout du long totalement imprévisible. Croyez-moi sur parole, vous ne serez pas déçus. ce que nous voyons n'est pas ce que nous voyons Si on pouvait résumer ce film d'une phrase, c'est qu'il n'est jamais exactement là où on l'attend. déjouant toutes les expectations, il prend un malin plaisir à jouer avec les attentes du spectateur avant de les malmener pour le confronter à des situations qui vont lui faire reconsidérer tout ce qu'il a vu sous un angle nouveau, et le faire se questionner sur la réalité des situations présentées, jusqu'au point où il va se demander: mais qu'est-ce que je suis en train de regarder, réellement? Cette méthode d'écriture, souvent utilisée dans le polar "hard boiled" pour sortir le lecteur de sa zone de confort, peut parfois se révéler un peu gratuite, mais ici elle est totalement justifiée, en ce qu'elle nous fait nous interroger autant sur notre place de spectateur que sur le sous-texte qu'implicite le film. un drame social? Oui...et non. Au début du film nous découvrons Clara, jeune femme noire issue des bas-quartiers de Sao Paolo, venue passer un entretien d'embauche auprès d'Anna, jeune fille blanche enceinte de 3 mois pour un emploi de future nounou. Clara a raté ses examens d'infirmières, n'a aucune compétence ni appétence pour ce travail, mais elle postule néanmoins parce qu'elle doit payer ses retards de loyer. De son côté Anna a tous les attributs de la jeune bourgeoise aisée, insouciante, vivant dans un condominium qui la protège des contingences matérielles. Anna est volubile, excentrique, égoïste, quand Clara est mutique, renfermée, servile. Très vite une relation de soumission/domination s'installe, quand Anna lui demande d'effectuer de plus en plus de tâches qui n'ont rien à voir avec le descriptif du job: en bref, elle devient la bonne à tout faire, et on sent bien que Clara en souffre, qu'elle répugne à un tel asservissement, mais qu'elle n'y peut rien faire, parce qu'elle est pauvre, parce qu'elle est noire, et que dans cette société-là, elle n'a pas son mot à dire. Sauf que... Si les dialogues disent une chose, les décors et la mise en scène en disent une autre. Si le premier acte du film pose les bases d'un drame social réaliste, avec sa lumière crue, ses plans d'ensemble neutres dans l'appartement et ses valeurs de cadre qui privilégient une approche réaliste, le décor, lui, dit autre chose. La découverte (comme on dit en photo) par delà les fenêtres de l'appartement nous est ouvertement montrée comme une peinture, un mat-painting en l'occurrence, et se donne comme un indice que ce que nous croyons voir n'est pas ce que nous voyons., ou plus exactement, n'est pas ce que ne nous pensions voir. une romance? Et c'est là, pour la première fois (mais non la dernière) que le film nous prend à revers. Considérant les prémisses, on pouvait légitimement s'attendre soit à une satire sociale à la "The servant" de Joseph Losey, ou le laquais prend le pouvoir sur le maître, ou au contraire à "la loi du plus fort" de Rainer Fassbinder, où le maître vampirise l'esclave... Et bien non, les auteurs ont opté pour la moins plausible et la meilleure des causes: une histoire d'amour saphique. Tout va t'il bien finir dans le meilleur des mondes? Nope! un conte de fée? Et nous y voilà, le fameux moment ou tout bascule, car oui, il, y a bien un élément fantastique dans cette histoire qui fait basculer le commentaire social et racial dans une dimension plus profonde, inattendue: une dimension universelle, celle de l'amour.
Car que nous apprend d'autre ce film, au delà de portraiturer une société brésilienne déchirée par la violence de classe et de race, si ce n'est, par son plan final, que quelque soit votre origine, vos différences, vos faiblesses, vous devez tenir bon face à l'obscurantisme, la violence d'Etat et la bêtise.
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