par Inanna Ivert Bienvenue dans la comédie romantique la plus déjantée que je connaisse, réalisée par Jim Hosking (The Greasy Strangler) , digne prétendant au titre de successeur à John Waters et cousin germain de Quentin Dupieux, excusez du peu! Lulu Danger se fait virer de son job de serveuse par son mari Shane Danger (Emile Hirsch, acteur habitué aux drames réalistes dont on découvre ici l'extraordinaire potentiel comique), manager du café un peu en faillite où ils travaillaient ensemble. Elle traîne chez elle, s'ennuie et finit par s’enfuir avec un cambrioleur venu dépouiller son mari (ou plutôt récupérer l'argent qu'il a volé à son beau frère). C'est le début d'une cavale dont le but ultime est de voir le spectacle de son ancien amant, le fameux Beverly Luff Linn. Jim Hosking, que nous avions découvert au PIFFF 2016 avec l'OFNI The greasy Strangler, sort donc un nouveau film (en direct to DVD en mai 2019, après avoir fait le tour des festivals comme Sundance et Neuchatel). Et c'est tout aussi exubérant que le précédent. Le choix du casting, toujours impeccable, surtout dans les seconds rôles, avec des tronches improbables donne au film une touche de surréalisme qui laisse sans voix. Il réutilise d'ailleurs des acteurs aperçus dans son premier long ou dans ses courts métrages (Sam Dissanayake, Sky Elobar, Carl Solomon){ NDLR: Et pour un public francophone, il est impossible de ne pas évoquer l'univers de Jean-Pierre Mocky, tant son casting de gueules, ses dialogues surréalistes, ses ambiances craspecs ne peuvent qu'évoquer les meilleurs œuvres du dernier cinéasts anarchiste du cinéma français; Que jim Hosking se réclame de l'influence de John Waters, ça ne fait pas de doute, et il est peu probable qu'il ait jamais vu un film de Mocky, mais la convergence des thématiques, (la fascination pour la laideur des banlieues, des personnages et des situations, reflétant l'inanité de leur vies enfermées dans le mensonge, l'illusion frelatée qu'une meilleure vie les attend), tout cela concourt au final à une vision paradoxalement pessimiste ET optimiste des relations humaines qui n'est pas si éloignée de l’auteur des Saisons du plaisir et la cité de l'indicible peur.° Les costumes, les décors, les coiffures des personnages et les situations sont tout aussi invraisemblables. Cet humour déjanté et absurde devrait faire décrocher le spectateur, qui à chaque seconde se demande ce qu'il regarde. Mais la fascination pour ces moments étranges, pour ces personnages tous plus fous les uns que les autres, pour le talent avec lequel Hosking filme des dialogues dingues (l'usage de la répétition avec un sens de la rythmique montypythonesque) prend le pas sur tout le reste. Ça ne devrait pas tenir la route, mais comme un film de Quentin Dupieux, on ne peut s’empêcher de regarder, de rire et d'apprécier le talent de ce réalisateur complètement fou et pourtant livrant un univers génialement dérangé. Indiscutablement, même dans cette oeuvre mineure, la marque d'un petit génie de la scène indé, une bouffée d'air frais et un gros doigt au politiquement correct. Une soirée avec Beverly Luff (An Evening with Beverly Luff Linn)
de Jim Hosking (découvrez son univers sur sa page vimeo) avec Aubrey Plaza, Jemaine Clement, Emile Hirsch USA/2019/1h48
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