Après le retour d'Hippolyte Büro hier, voici ma reprise avec deux films et une séance de courts au Forum des images pour la 25ème édition de l'Etrange festival Par Inanna Ivert Jill habite dans une banlieue proprette et lisse, a un mari gentil et attentionné, est polie et bien mise, a des voisins avec qui elle s'entend toujours bien... Tous et toutes sont assortis, souriants, aimables. Rien ne doit dépasser, rien ne doit déranger. Tout commence à vriller lorsque Jill offre à son amie Lisa (avec qui elle est sans cesse en compétition sans que ni l'une ni l'autre ne l'avoue) son bébé de quelques mois. Film satyrique en diable, tiré d'un court métrage des mêmes actrices-réalisatrices, ce Greener Grass ravi par son originalité dans le traitement des travers des banlieues américaines. Les auteures poussent les situations à l’extrême, injectant cette pointe d'absurdité qui rend les personnages risibles dans leur compétition de bienséance, mais ne leur retire jamais leur crédibilité. On se croirait dans une comédie Black Mirror, avec ce qu'il faut de réalisme pour faire frémir le spectateur devant ces tranches de vie, avec le juste décalage comique pour nous faire rire de l'absurdité des situations et des réactions. Le film pointe du doigt les comportements passifs-agressifs de cette petite bourgeoisie bien pensante et nous fait réfléchir sur l'importance que l'on peut accorder au quand-dira-t'on qui finit par régir nos vies, plus encore que nos idéaux, nos avis ou envies personnels. A découvrir sans réserve ! NB : je vous aurais volontiers mis un lien vers la bande-annonce, mais à mon avis elle spoile beaucoup trop. Et le court métrage est disponible sur Viméo, mais, conseil, ne le regardez qu'après le film au risque d'en savoir trop également. NB 2 : le court est bon, le long est encore meilleur, le timing des répliques et le montage étant plus rythmés, plus incisifs donnant une oeuvre plus profonde et aboutie. Greener grass. 2019. Couleur. 95mn. VOSTF. États-Unis. Comédie. Réalisation: Jocelyn DeBoer, Dawn Luebbe. Production: Natalie Metzger. Scénario: Jocelyn DeBoer, Dawn Luebbe. Montage: Taylor Gianotas. Photographie: Lowell A. Meyer. Musique: Samuel Nobles. Avec: Jocelyn DeBoer, Dawn Luebbe, Beck Bennett, Neil Casey Kate et Matt emménagent dans une grande maison à la campagne. Ils y découvrent une pièce qui semble capable d'exaucer tous leurs vœux matériels. Mais ce qui, au premier abord, semble une solution à tous leurs problèmes va les entraîner dans une descente aux enfers... Un des personnages prononce cette phrase fabuleuse "Plus dangereux encore qu'un Homme qui n'obtient pas ce qu'il veut, est l'Homme qui peut obtenir tout ce qu'il désire". Voici donc un parfait résumé de ce film ambitieux qui part d'un concept "Quatrième dimension", bâti sur la trame archi-éculée du "Mac Guffin" magique et des conséquences qu'il entraîne, mais qui nous balade pendant une bonne moitié du métrage sans qu'on sache exactement à quoi s'attendre. Une fois le deuxième acte entamé, le film devient un peu plan-plan avant de reprendre du poil de la bête dans un final plutôt réussi. A ne pas négliger : ceci, mes chers lecteurs, est un film de genre français, tourné certes grâce à des fonds belges et luxembourgeois (car anglophone, n'ayant donc pas droit aux subventions dont profitent nos chères comédies françaises, sans citer de titre). Le réalisateur, Christian Volckman, nous avait bluffé il y a plus de 10 ans avec son inventif Renaissance. Il garde ici une patte beaucoup plus classique mais s'applique aux cadrages, à l'éclairage et au déroulé de l'histoire, ce qui rend le film plus que regardable. Présent à cette avant-première, il a expliqué avoir mis 3 ans à développer le scénario (et ça se sent, on n'est pas dans un M. Night Shyamalan où toute explication repose sur "ta gueule, c'est magique" ; même si le fonctionnement de la pièce en elle-même reste un mystère). Construit comme un huis clos dans cette demeure, le film n'a pas à rougir du budget serré qui lui était alloué. Les acteurs (Kevin Janssens et Olga Kurylenko) sont parfaitement crédibles en couple qui se déchire, les effets spéciaux ne sont pas en carton pâte, ni en CGI à 2€, bref, même si ça n'est pas le nouveau Grave, le film est bourré de qualités et on en sort un peu retourné (comme les personnages). Supportez le cinéma de genre français, déplacez vous, ça reste bien mieux que toute cette daube Conjuring et Cie dont nous noie le cinéma américain ! En bonus, un lien vers le site du réalisateur, qui nous offre un diaporama des storyboards utilisés pour le film. En revanche un conseil si vous ne voulez pas vous faire divulgacher le film, fuyez la Bande-annonce disponible sur Youtube, ce serait vraiment dommage! The room. 2019. Couleur. 90mn. VOSTF. France / Luxembourg / Belgique. Fantastique. Réalisation: Christian Volckman. Production: Yael Fogiel, Laetitia Gonzalez. Scénario: Christian Volckman, Éric Forestier. Montage: Sophie Fourdrinoy. Photographie: Reynald Capurro. Musique: Raf Keunen. Avec: Kevin Janssens, Olga Kurylenko. Je ne vais pas m’étaler sans fin sur ces courts que vous aurez peu de chance de voir de suite, mais sachez que, pour une fois, j'ai été ravie de ma séance, et que le vote a été difficile tant les films projetés m'ont semblé originaux et réussis (un miracle).
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