Alors que vient d'être proclamé le très discutable palmarès du Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2019, Cabine Fever complète sa recension du PIFFF et de sa sélection un poil plus ambitieuse. Coincidence? Je ne crois pas! Par Innana Ivert (et quelques notes d'Hyppolite Büro) Pour cette troisième journée, un film d'action suédois, une comédie d'horreur française, une pépite mal-aimée et un film de samouraï punk Alex est amoureux d'Anna. Ils sont adolescents et se retrouvent pour jouer du piano dans l'église d'un village de Scanie (sud de la Suède). Anna doit partir pour la fin des vacances, sa mère ayant un poste haut placé à Stockholm. Quelques années plus tard, jour de Midsommär (énorme fête nationale), une attaque probablement terroriste frappe la Suède, faisant exploser le métro et s’effondrer un pont à Stockholm. Alex, monté à la capitale pour devenir musicien, décide de retourner dans le village de son enfance tandis que son père, qui est resté dans la maison familiale, et travaille dans la centrale électrique, essaie de sécuriser celle-ci de peur que les terroristes ne s'en empare… Le collectif suédois à l'origine du film a été très ambitieux avec ce film d'action fantastique qui n'a pas à rougir d'une comparaison avec ses grands frères d'outre-Atlantique. Les effets spéciaux sont très réussis. L'effondrement du pont à Stockholm, l'explosion du parlement, la chute des hélicoptères, etc sont parfaitement crédibles. La grosse originalité du film vient du parti pris scénaristique de nous montrer une société apeurée et frappée de paranoïa, incarnée des personnages tous plus antipathiques les uns que les autres. Le spectateur ne peut s'identifier à aucun d'entre eux et c'est assez déstabilisant. Le scénario, de plus, explore certains travers de la société suédoise actuelle (notamment la peur de l'étranger, sachant que le pays a accueilli 600 000 réfugiés ces dernières années, et que le pays compte 10 millions d'habitants). Qui plus est, c'est assez étrange, connaissant la société suédoise, réputée lisse maitresse d'elle-même, de voir la population se comporter de manière aussi déraisonnée. Bref, voici le block-buster que la Suède attendait pour secouer un peu son cinéma très bienséant. Hyppolyte Büro: Pour ma part, le film m'a laissé un peu perplexe; bien que je lui reconnaisse d'indéniable qualités techniques et un vrai talent dans la narration, j'en suis ressorti en me demandant de quoi parlait le film au fond. Adaptant les procédés hérités des blockbusters période Jerry Bruckheimer à la sauce suédoise, il mêle maladroitement l'histoire d'amour des personnages principaux à celle d'une catastrophe d'origine inconnue, sans jamais privilégier un angle qui permettrait au spectateur de se positionner par rapport aux enjeux dramatiques. Même si la psychologie des personnages est plutôt fouillée et exempte de manichéisme, on a l'impression que les auteurs, tout à leur ambition de créer un film à grand spectacle, se sont perdus dans leur récit et ne savent pas comment le finir, d'où un twist final placé en début de générique de fin qui tombe comme un cheveu sur la soupe censé retourner l'assistance mais qui m'a personnellement fait l'effet d'une pirouette assez gratuite, même si on tient compte du contexte politique et des tensions entre la suède et un encombrant pays de la région (je ne peux pas en dire plus sans spoiler). Bref, The unthinkable est certainement divertissant, mais brouillon, et pour peu qu'on soit mal-luné, un peu limite dans son propos, parce qu'on peut y voir moins une critique de la paranoïa de la société suédoise qu'un pamphlet patriotique contre les ingérences étrangères. Mais je me trompe peut-être. A vous de voir. Sortie prévue en France en avril 2019 (Directement en DVD) de Olivier Alphonso France 2018 Une équipe de volley féminin tombe en rade au milieu de la forêt, ils (les filles et le coach) trouvent refuge dans un hôtel décoré façon Massacre à la tronçonneuse, ambiance trophées de chasse et famille consanguine. Les filles décident donc de repartir (non sans avoir giflé le tenancier qui léchait la joue de l'une d'elles). Les pécores décident de se venger de l’humiliation subie en prenant les filles en chasse. Mais une équipe de volley soudée est capable de prodige... Venu des effets spéciaux (Grave, Leatherface, Aux yeux des vivants), Olivier Afonso signe ici son premier film en tant que réalisateur, et c'est une grosse comédie d'horreur, avec de bonnes idées mais pas très fines. Il a mis tout son savoir dans les FX, avec de la tripaille, du sang, des mains qui explosent, des têtes qui explosent, des ventres qui explosent… mais même avant la fin des 77 minutes que dure le film, on s'ennuie de leurs gaudrioles. Le réalisateur s'est fait plaisir, en invitant sur le set Denis Lavant, en roue libre comme souvent, Guillaume Canet, en chef scout abruti, Thomas VdB et Mathieu Madenian en chasseurs crétins et Orelsan en Cow-boy narrateur musical qui chante comme une casserole. Mais ça ne suffit malheureusement pas. Le scénario, surtout, pêche par l'aspect redondant et prévisible de certaines péripéties. Même si j’avoue avoir bien ri, ça s’essouffle au bout de 45 minutes et on a finalement hâte que les morues arrêtent de hurler. Distrayant, mais sans plus. NB : Petit bonus pour l'utilisation de Wanna Get Free de Shaka Ponk sur lequel une volleyeuse fait du pole dance autour d'une tresse d'ail. Don't ask... Le colonel John Boyd est envoyé à Fort Spencer, Californie, en plein hiver, après son « acte de bravoure » (il a fait le mort pendant une bataille, se retrouvant ainsi derrière les lignes ennemies, ce qui lui a permis de prendre seul le fort mexicain). Il ne s'y passe pas grand chose et les soldats trompent l'ennui en lisant de la philosophie, fumant de l'herbe, s'abrutissant au scotch ou se baignant à poil dans les eaux glacées de la rivière (chacun sa technique). Une nuit apparaît un mystérieux Colqhoun, colon écossais frigorifié et affamé, qui raconte une bien sombre histoire d'une caravelle perdue dans la montagne et de leur survie cannibale... Boudé à sa sortie sur grand écran, le film a surtout connu une deuxième carrière en vidéo (de plus ou moins bonne qualité). Le voir sur grand écran, dans une somptueuse copie 35mm était un vrai plaisir. Le mélange des genres (cannibalisme, survival, horreur gothique) est parfaitement dosé et apporte à ce film une originalité marquée, peut-être un peu trop pour l'époque de sa sortie (en face, il y avait La momie et Wild Wild West, légèrement plus lisses) Le casting est un délice pour les yeux, du flippant Robert Carlyle , à l'apeuré Guy Pearce, de l'excellent (et sous utilisé) Jeffrey Jones au sourire carnassier de Neal McDonough, tout est bon. Les acteurs sont parfaits et nous font croire à cette histoire un peu folle, pas fantastique mais fantasmagorique, avec une base folklorique très bien trouvée. Bref, à revoir ou en tout cas à rattraper dès que possible !! Un rônin, Kake Junoshin, tue par erreur un vieillard, pensant qu'il appartient à une secte, les Bellyshakers (ils croient que nous sommes dans l'intestin d'un être supérieur et que pour retrouver la réalité il faut se secouer le ventre...(?!)). Il ment au seigneur local, prétendant que la secte est proche et qu'il est le seul à pouvoir les aider. Il est donc engagé par le chef des samouraïs du seigneur mais son mensonge va les obliger à faire en sorte que la secte disparue renaisse de ses cendres. Le plan fonctionne tellement bien que bientôt, ils se voient dépassés par le nombre de Bellyshakers et doivent faire appel à une armée de singes pour les aider. Alors, comment dire, je suis légèrement imperméable aux films asiatiques (oui, ne me huez pas svp), encore plus aux films de samouraïs, ici, à la vue du résumé, on est sur une œuvre complètement barrée, drôle, foutraque, mais un peu trop pour moi (j'ai craqué au moment de la bataille entre les singes et les belly). L'humour nippon est un peu lourd (très pipi-caca) et c'est surjoué comme un épisode des power-rangers. Bref, je n'ai pas adhéré, mais si vous êtes curieux, ne boudez pas…. Hyppolite Büro: Et c'est sur cette déroute en pleine campagne que se conclut cette journée du vendredi, ne ratez pas la suite de nos aventures pifffiennes, avec au programme du samedi: le film qui a tout déchiré, la compétition de court-métrages internationaux, un film d'horreur marocain plein de bonnes intentions mais horriblement mal joué, un drame psychologique dans le milieu du Métal norvégien des années 90 (mon chouchou) et un méta-nanar qui n'aurait jamais dû remporter le Prix du Jury de Gérardmer si celui-ci avait été à jeun (mais il y avait Kervern et Delépine dedans, ceci expliquant sans doute cela…). Stay Tuned!
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