par Hyppolite Büro et Inanna Ivert Un film d'ouverture étonnamment réussi (précédé d'un court claustrophobique) et un documentaire assez barré. de Kim Westerlund Finlande - 2018 Court métrage de 9 minutes : un homme se réveille dans un cercueil, la terre tombant par les interstices du couvercle avec pour seule compagnie son zippo... Le court fait un peu pense à Buried de 2010 avec Ryan Reynolds, mais sans espoir... pas mal. de Richard Stanley États-Unis / Portugal / Malaisie - 2019 La famille Gardner emménage dans la ferme paternelle, cachée au fin fond des collines de la Nouvelle-Angleterre, alors qu'un hydrologue dépêché par l'université Miskatonic entreprend un relevé de la région dans le cadre d'un projet de barrage hydraulique qui noierait une partie de la région (dont la propriété des Gardner) sous les eaux. Une nuit, une météorite s'écrase dans leur jardin... On pouvait craindre le pire de cette adaptation de la célèbre nouvelle de Lovecraft (auteur réputé, à juste titre, difficile à porter à l'écran) avec dans le rôle principal notre acteur kabuki préféré/détesté, Nicolas Cage. Et la surprise fut bonne car le film est plutôt une réussite. Les libertés prises avec la nouvelle de 1927 (disponible ici pour les bilingues) rendent l'histoire contemporaine, et la présence de l'hydrologue (qui passe de narrateur dans la nouvelle à celui de témoin extérieur aux événements dans le film) est une des bonnes idées qui émaillent le script. La direction d'acteurs est très bonne car elle rend la composition de Cage crédible, passant de père de famille débonnaire à "psychopathe déchaîné" quand il réalise les conséquences que la chute de la météorite provoque sur sa famille, sans le moindre hiatus. Stanley prend le temps de développer la psychologie des personnages, les interactions entre chaque membre de la famille, afin de transformer ce qui n'aurait pu être qu'un simple jeu de massacre en drame par moment réellement poignant. On croit à ces personnages, et on souffre avec eux, ce qui n'est pas si fréquent dans la production lambda des films d'horreurs, où ils ne sont souvent que des silhouettes à peine esquissées, du bétail sur la rampe de l'abattoir. La direction artistique n'est pas en reste, qui privilégie un traitement élégiaque du cadre dans la première partie (couchers de soleil sur la nature environnante, nature luxuriante, soin apporté au décor de la ferme ancrant les personnages dans un passé ancien), ce qui fait au passage presque oublier que le film a été tourné au Portugal et pas du tout en Nouvelle-Angleterre, avant de basculer dans la seconde partie dans une imagerie psychédélique en adéquation totale avec le récit (on songe parfois aux moments les plus réussis d'Annihilation dans la vision d'une nature métamorphosée par l'irruption de "La chose d'un autre monde"...) L'article publié dans le Mad Movies du mois explique les difficultés qu'a rencontré Richard Stanley (qui n'avait pas tourné depuis son départ précipité du remake de L'île du Dr Moreau en 1996, comme quoi, le garçon a du flair) pour monter ce film avec le budget réduit qui lui était alloué (6 millions de $), mais aussi les nombreuses références que l'on peut retrouver (de The Thing de Carpenter à Society de Bryan Yuzna, en passant par tout le body horror de Cronenberg). A noter que si le film est une réussite commerciale, Richard Stanley envisage déjà une "trilogie Lovecraft", dont le deuxième opus serait "L'abomination de Dunwich". Alors si par chance le film sortait sur les écrans en France, on vous invite poliment mais fermement à lui donner vos sous, histoire d'une part d'encourager un cinéaste aussi profondément voué à offrir enfin des adaptations cinématographiques du maître de Providence dignes de ce nom, et d'autre part venger Guillermo Del Toro de son plus beau projet avorté : "Les montagnes hallucinées", son "Dune" de Jodorowsky ! Si Richard Stanley reprend un jour la barre d'un tel projet, il n'y aura pas à en rougir. Parti en Australie se documenter pour le livre qu'il écrit (depuis 10 ans, et qui on l'espère verra le jour), Melvin Zed tombe sur un musée à Silverton consacré à Mad Max 2 et à l'étrange passionné qui s'en occupe... Bon, on ne va pas se mentir, le sujet de départ est quand même très anecdotique, et les parti-pris de mise en scène de Melvin Zed assez discutables (par moment on se croirait dans un épisode de l'émission des beaufs qui se la joue cool "Top Gear"), mais ce qui emporte au final l'adhésion, c'est la personnalité d'Adrian Bennett, modeste prolo anglais marqué à vie par la découverte de la saga Mad Max au sortir de l'adolescence dans les années 80, et qui voua sa vie à rendre hommage aux films qui ont structurés son destin, allant jusqu'à nommer ses fils d'après les prénoms d'un producteur et d'un cascadeur du film, et finir par émigrer en Australie avec sa petite famille pour vivre sa passion (un peu imposée à sa femme quand même).
Archeologist of the wasteland est au fond le portrait bienveillant d'un éternel ado ( et en cela il parle forcément au public du PIFFF, parmi lequel Innana et moi nous comptons), on est donc loin du cynisme distancié d'un épisode de Strip Tease, mais on ne peut pas s’empêcher de se questionner sur la personnalité d'un homme, certes éminemment sympathique, mais capable d'éventrer au bulldozer une colline située sur les terres sacrées des aborigènes à la seule fin de dénicher les restes rouillés de carcasses de bagnoles utilisées dans le film. Alors certes Adrian prend soin de demander l'autorisation auprès du conseil aborigène, mais face à la majesté du décor qui l'entoure, on ne peut pas s’empêcher d'y voir un certain aveuglement immature, et plus inconsciemment le mépris des colons anglais qui se sont approprié cette terre immense pour en faire leur terrain de jeu. Mauvais procès? Peut-être. A vous de voir.
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