Un film d'animation en rotoscopie, un "classique" du renouveau du cinéma français dérangeant et une séance interdite Shocking Asia (dont je n'ai vu que le premier film) par Innana Ivert Royaume-Uni - 2021 de Ryan Braund David Cohen, programmateur de génie, nous explique dans le prologue le défi que représente la création d'une IA qui, tout en dépassant les capacités humaines, ne prennent pas le pouvoir dessus. Il se lance donc dans la construction d'un super ordinateur, montant en série de nombreuses unités centrales, et programme Al (comme dans 2001, l'odyssée de l'espace, grosse référence), avec la particularité que celui-ci aura l'ignorance même de son existence en tant qu'IA (d'où le titre). Pour cela, il se coupe de sa vie IRL, s'enfonçant peu à peu dans la folie, défiant Al dans ses capacités cognitives. Premier long métrage, tourné pendant le confinement, projeté à Annecy, le réalisateur nous livre ici une œuvre très originale sur la forme, dotée d'une voix off à la première personne et d'un graphisme minimaliste, crayonnée en noir et blanc. La perte de relation de David avec des contacts physiques résonne beaucoup chez tout ceux qui ont passé un vrai confinement seuls, coupés des autres et de la vie en société. Ici, David perd son contact avec la réalité non pas par obligation mais par choix, plus ou moins conscient, de fusionner et/ou de se battre contre l'IA qu'il a lui même programmé. Malheureusement trop répétitive dans cette compétition immobile, le film traine en longueur avant d'arriver sur un twist salvateur. Ca aurait été parfait pour un moyen métrage. Dommage. France - 1998 de Gaspar Noé Un ex-boucher, après une peine de prison pour une erreur de jugement (il croit que quelqu'un a violé sa fille) tente de reconstruire sa vie. Mais il est habité par tant de haine pour lui même et pour tout les autres que l'échec sera forcement au bout du tunnel. ATTENTION SPOILER Je suppose que beaucoup d'entre vous ont déjà vu ce film. Pour moi, c'était une découverte. Et cette voix off, pleine de haine et de ressentiment, envers ses "amis" comme le reste du monde (sa maitresse, cette "grosse truie pingre" ou le directeur des abattoirs qui refuse de l'engager "cette tantouze qui aime se faire éclater la rondelle par un de ses employés") m'a vraiment mise mal à l'aise. Et quand l'affiche explique que chacun a sa morale en donnant au personnage l'excuse de pouvoir violer sa fille, "faisant d'elle une femme" parce que leur "amour est interdit par la loi car trop beau", j'en ai eu la nausée. A vous de voir... Le film de Gaspar Noé met volontairement le spectateur dans cette situation pénible face à ce boucher qui prétend avoir sa propre vision de l'éthique, alors que celle-ci est juste distordue par sa rancœur envers les autres, les codes établis et il se sert de ce justificatif (tous les autres sont des cons) pour projeter sur sa fille un objet de désir sain (pour lui c'est de l'amour et non pas un inceste). Si le réalisateur s'en était tenu à l'avant dernière scène, ou après son passage à l'acte il abat sa fille puis se suicide, je pense que cette culpabilité avouée m'aurait fait me sentir moins mal. Là, point de suicide final, seulement cette révolte contre l'ordre établi par un acte immonde et condamnable, seul ce sociopathe peut y voir une certaine logique. NB : Ce film est tiré d'un court-métrage de Gaspar Noé, Carne, visible ici Kai se fait surprendre par son patron en pleine partie de jambes en l'air avec sa femme. Pour se débrasser du problème, facile, Kai tue patron, femme et garde du corps, puis fuit se réfugier en Afrique du Sud. On le retrouve 10 ans plus tard, serveur dans un restaurant chinois. Obsédé sexuel notoire, lors d'une virée dans la jungle, il viole une femme malade et contracte Ebola. Une personne sur 10 millions étant immunisée, coup de bol pour lui, il en réchappe avec juste une vilaine grippe, devenant ainsi porteur sain, ne se privant pas de contaminer à tout va. Ce film complètement transgressif et volontairement de mauvais goût est le résultat de la rencontre de trois hommes, l'acteur Anthony Wong, déjà très connu à l'époque, du réalisateur, Herman Yau, célèbre pour ses films de catégorie III hongkongaise (interdit au moins de 18) et du producteur Wong Jing, spécialiste quand à lui de films à succès, donnant aux gens ce qu'ils veulent voir et non pas ce qu'ils devraient (humour slapstick ou scatologique, le sentimentalisme excessif, la violence caricaturale, la sexualisation gratuite...) Ils nous livrent ici une comédie noire, transgressive et radicale, qui n'épargne pas le spectateur, s'enfonçant de scènes en scènes dans l'indécence la plus totale. Passant d'une masturbation dans un morceau de viande, à la fabrication de brioches fourrés à l'humain, Kai ne nous ménage jamais. La performance sans filtre et complètement excessive de l'acteur, rend le film plutôt drôle malgré le malaise qu'il nous laisse en arrière-gorge.
0 Commentaires
Votre commentaire sera affiché après son approbation.
Laisser un réponse. |
sorties
découvrez les films en avant-première, ainsi que les sorties récentes à ne pas rater selon mon humble avis (mais vous faites ce que vous voulez). Archives
Janvier 2023
Catégories
Tous
|