Par Innana Ivert SÉLECTION de courts métrages6 courts métrages tirés de la sélection, en l’occurrence Grand bouquet, Quello che verra e solo una promessa, Movements, Deux sœurs qui ne sont pas sœurs, Stay awake be ready, Piece of meat Il faut vraiment que j'arrête d'aller voir des courts au Forum des images, à chaque fois, c'est un torture sans fin.... Films expérimentaux abscons, sans scénario voire carrément incompréhensibles (du style sans le pitch, je suis incapable de dire de quoi ça parle). Seul court que j'ai apprécié, Piece of meat est une réflexion sur la condition féminine et la lutte des classes, entre désespoirs des pauvres et bling-bling assumé des aisés. P.A. et sa bande de potes sont en terminale,quelque part dans le pays de Geix, où ils trainent leur ennui. Dans les profondeurs souterraines de leur ville turbine un réacteur, un accélérateur de particules qui reproduit l’énergie du Big Bang. P.A. voit la réalité se transformer petit à petit autour de lui, observant des phénomènes étranges, mineurs au début, puis empiétant de plus en plus sur sa vie et grignotant sa santé mentale. Le réalisateur, habitué des documentaires, tourne ici son premier film scénarisé mâtiné de fantastique, mais il reste sur son obsession de montrer la jeunesse adolescente et a tenu, pour son casting, à privilégier des acteurs non professionnels voir débutants (et ça se sent un peu). Les plans sont posés, à mi-chemin entre la fiction et la captation d'un quotidien pris sur le vif (éclairages et prises de son imparfaits, jeu des protagonistes). Ce portrait de la jeunesse a au moins le mérite de ne pas être putassier, mais ne révèle pas grand chose sur cet âge qui n'ait déjà été dit ailleurs.. C'est plutôt un commentaire écologique sur la manière dont les humains usent leur planète, prenant pour prétexte les hallucinations de PA pour nous marteler qu'on va tous crever si on continue. Pas convaincue (pas par le propos, par le film). Haïti, 1962. Un homme meurt, puis est ramené à une vie d'esclave, de "zombi" pour travailler dans les champs de canne à sucre. Paris, de nos jours. Nous suivons une bande de jeunes filles (journée thématique ?) scolarisées au pensionnat de la Légion d'honneur. Nouvelle arrivée, Mélissa, née en Haïti, rescapée du tremblement de terre, se lie d'amitié avec Fanny, jeune fille un peu lunaire obnubilée par la perspective de retrouver son amoureux, et tente de trouver sa place tant au sein de son groupe d'amies que d'une institution qui la considère comme "exotique". Bonello a choisi de raconter l'histoire du plus célèbre cas de zombi d'Haïti (documenté) Clairvius Narcisse, et en parallèle de suivre ces jeunes filles de 15 ans prises dans le carcan de cette école hyper stricte. Les aller-retour entre les deux narrations font que le film nous raconte ces deux moments simultanément, tout le talent du réalisateur faisant qu'on s’intéresse aux deux, sans jamais décrocher d'une partie du récit. Contrairement aux Particules, dont les dialogues semblaient factices (alors que le réalisateur cherchait au contraire à se rapprocher au plus près de la réalité), Bonello réussi à nous faire croire en ses personnages, cette sororité adolescente. Il avoue avoir été aidé dans l'écriture des dialogues par sa fille du même age, ce qui rend ainsi les interprètes crédibles. N'attendez pas de twist, il n'y a pas de révélation incroyable dans ce film, juste deux portraits côte à côte, une analogie entre le monde de zombi de Clairvius, dans des décors naturels, en pleine nature haïtienne, et l'enfermement de ces jeunes qui se plient à l'ordre établi, à la recherche de l'excellence qu'on exige d'elles, sans réellement se rebeller. La force du film, hors sa puissance visuelle et l'intensité de ses interprètes, réside dans l'intelligence avec laquelle il intègre les différentes couches du récit, tout à la fois réflexion sur l'ordre social, le fantôme du passé colonial, un parallèle aussi audacieux que fascinant entre l'histoire tragique d'Haïti, l'apparition des premiers zombis dans la mythologie vaudou au moment du retour à l'esclavagisme après la répression sanglante de la guerre d'indépendance par Napoléon (qui ouvrit l'école de jeunes filles où se déroule l'action), tout ça en filigrane, sans lourdeurs ni dialogues explicatifs. La marque des grands cinéastes, qui savent suggérer sans démontrer. Bref, j'ai aimé, emportée par l'histoire fascinante de cet homme mort et de ces adolescentes bien trop sages.
Sortie prévue le 12 juin, distribué par Ad Vitam
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