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rojo

2/7/2019

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Coup de projecteur sur un polar glacial et glaçant sorti mercredi, et dont l'atmosphère délétère m'a littéralement fasciné.
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Concours de moustaches: patricien contre plébéien

Argentine, 1975. Claudio, avocat respecté, mari fidèle et bon père de famille, mène une vie sans histoires. Lors d'un dîner dans un restaurant, il est violemment pris à parti par un inconnu et l'altercation vire au drame. Soucieux de préserver sa réputation, il fait en sorte d'étouffer l'affaire, mais très vite les conséquences de son acte vont le dépasser et l'entrainer dans une spirale infernale, alors qu'au dessus du pays plane la menace d'un énième Coup d'Etat.
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​Construit comme un polar, ROJO mets en scène avec une acuité diabolique les mécanismes à l'œuvre dans la psyché d'un criminel prêt à toutes les concessions pour échapper aux conséquences de sa faute, voire à en justifier la nécessité au nom même de la morale. Si dans la scène d'ouverture Claudio nous est dépeint comme un type affable, poli et réservé, bref, un pur produit de l'éducation bourgeoise, on comprend vite que derrière cette façade bien-élevée se dissimule un être mesquin, bouffi de suffisance et obsédé par la sauvegarde des apparences, une créature froide barbotant dans les eaux glacées du calcul égoïste qui voit surgir d'un sale œil le détective chilien chargé d'enquêter sur la disparition de sa victime.
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A l'arrière-plan Dario Grandinetto et sa moustache (vu dans "les nouveaux sauvages") n'en mènent pas large derrière l'immense acteur chilien Alfredo "Tony Manero" Castro, abonné aux rôles de Bad Guy

​Bien sûr, il n'est pas difficile de voir dans le récit imaginaire d'un crime isolé perpétré par un membre de la bonne société argentine un portrait à peine déguisé d'une classe sociale qui allaient applaudir l'arrivée imminente de la junte militaire du général Videla et de son "Processus de réorganisation nationale"au nom de la survie de l'Occident Chrétien et de la lutte contre "l'Hydre communiste". Peinture à l'acide de cette bourgeoisie prête, à l'instar de Claudio, à tous les compromis pour préserver ses privilèges, Rojo dénonce aussi bien cette soumission consentie à l'ordre établi, ce conformisme hystérique terrifié par le moindre changement (on songe plus d'une fois au personnage interprété par Trintignant dans le film éponyme de Bertolluci, "Le conformiste", deux personnages travaillés par des pulsions souterraines malsaines qui vont les sublimer dans l'adhésion à un régime fasciste ou crypto-fasciste), et surtout la violence qui en découle, gangrénant les esprits, tordant les rapports sociaux et familiaux, à l'image du petit ami de Paula, fille de Claudio, jaloux médiocre qui va décharger sa colère et ses frustrations sur un parfait innocent (préfigurant les rapts dont furent victimes les trente milles "desaparecidos").
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Une embuscade aux relents d'escadrons de la mort

Si ROJO est un film éminement politique, il n'est jamais lourdement démonstratif: si tout ici fait sens, si chaque réplique, chaque décor, chaque action est à double tranchant, on le doit à la virtuosité de son metteur en scène, à qui il suffit de poser sa caméra dans un angle mort du bureau de Claudio pour symboliser en une seconde et bien mieux q'un long discours l'univers étriqué et la mesquinerie de son antihéros.

Il n'est pas jusqu'aux lieux emblématiques des heures sombres de la dictature qui ne soient convoqués pour emmener le récit vers son dénouement tragique: une plage au bord de cet océan où furent précipités tant d'opposants, le désert où Claudio a enfoui son secret, comme y furent enfouis tant de victimes; tout cela servi par des comédiens habités, au premier rang desquels s'imposent Dario Grandinetti et ses airs de Jean-Pierre Marielle faussement débonnaire, et Alfredo Castro, détective mystérieux cachant une âme d'ange exterminateur. Pas de doute, on est bien là dans un polar crépusculaire, et si son titre évoque la couleur du sang et le "péril" rouge, il aurait aussi bien pu s'appeler l'Eclipse, pas seulement à cause d'une scène-clef hautement symbolique qui survient dans le dernier acte, mais plus généralement celle qu'annonce les prophètes de malheur, celle qui menaçait l'Argentine de 1975 comme elle menace aujourd'hui de nous enfoncer nous aussi, si nous n'y prenons garde, dans ses ténèbres.


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les personnages face à la fin du monde: passifs
ROJO
De Benjamin Naishtat
avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro, Laura Grandinetti, Diego Cremonesi
Argentine/2019/1h49/VOST
SORTIE : 3 JUILLET 2019

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