Après un été de farniente passé le cerveau en vacances à ingurgiter une palanquée de nanars tellement idiots que je n'en nommerais aucun (bon allez un: merci Suicide Squad, ton incommensurable bêtise m'a presque réconcilié avec les blockbusters), il est grand temps de reprendre le collier et pour cela quoi de mieux pour se laver les yeux que l’Étrange Festival au Forum des Images? Le dernier Tarantino? Oui bon OK, mais celui là tout internet en a déjà parlé, alors je préfère me concentrer sur des films inédits si ça ne vous embête pas (cette intro est déjà beaucoup trop longue). BREF... dreamland Hercules, le sadique et imprévisible mafieux patron d’un cabaret appelé Al Qaida, engage un tueur à gages pour une mission un peu spéciale : couper le doigt d’un trompettiste de jazz qui doit donner un concert dans la région chez une comtesse , pour le punir d’avoir vexé le commanditaire. Tout est dans le titre : Dreamland, tout à la fois référence lointaine au jazz et à l'ambiance surréaliste dans laquelle baigne le film, Dreamland donc, est un thriller onirique dans lequel un tueur à gage stipendié par un mafieux fou furieux qui opère dans le trafic d'enfants pour des réseaux pédophiles va refuser d'honorer son contrat et tenter de sauver son âme en même temps qu'une petite fille auquel il est attaché. Sur le papier c'est prometteur : réunir l'équipe du sympathique Pontypool, à savoir le réalisateur Bruce Mac Donald et surtout le toujours impressionnant Stephen Mac Hatty, qui plus est dans le double rôle du tueur à gage dépressif et du musicien héroïnomane, ça pouvait donner quelque chose de poisseux, tirant sur le tragique, un peu à la manière de La mémoire du tueur ou plus récemment le magnifique Beautiful day, avec son ambiance "Mittel Europa" crépusculaire et décadente, son utilisation inspirée des décors naturels, sa photo travaillée à la façon d'un Film Noir, bref, tout concourrait à nous donner quelque chose de brillant, ou au moins intriguant. Sauf que ça ne fonctionne pas. La faute en incombe tout autant à un mélange des registres pour le moins maladroit entre drame psychologique, satire sociale et comédie surréaliste, trois domaines qu'il convient de savoir maîtriser avec doigté si on veut que la sauce prenne, ce qui n'est que trop rarement le cas ici ; en particulier le thème des réseaux pédophiles, qui apparaît davantage comme un simple dispositif scénaristique destiné à justifier les motivations du personnage principal que comme un drame en soi, et la légèreté du ton avec lequel ce sujet est traité pose quand même un petit problème éthique. Certes, si on admet que nous sommes au Pays du Rêve, il importe peu que les personnages se comportent de façon irrationnelle ou grotesque, que leur psychologie soit réduite à quia (comme dans un film de David Lynch, mais n'est pas David Lynch qui veut) ; on peut admettre que l'infâme mafieux ait une armée d'enfants déguisés en Blues Brothers, que ses commanditaires soient une baronne siphonnée et son frère, un vampire réel ou supposé ; les métaphores qu'ils incarnent fonctionnent tant que tout le monde joue sur le même registre, sauf que ce n'est pas le cas, ce qui déstabilise l'ensemble de la composition, et joue à l'encontre des intentions de l'auteur (en tout cas c'est l'impression que j'en ai retiré). Si Mac Hatty joue avec intensité le drame d'un homme bourrelé de remords en fin de course et son double, l'artiste détruit par ses propres faiblesses, la décision de faire jouer deux acteurs talentueux, Juliette Lewis et Tomas Lemarquis, ( sans parler de la prestation clownesque d'Henry Rollins, musicien punk pour lequel j'ai de l'affection mais qui n'a jamais brillé par ses talents d'acteur) comme des caricatures grotesques annihile toute tentative de prendre le récit au sérieux. Et le rêve, que ce soit au cinéma ou dans la vrai vie, est une chose sérieuse, Quant au final, que je ne dévoilerai bien évidemment pas mais qu'on voit un peu venir quand même, il rattrape tant bien que mal les maladresses suscitées par une conclusion où le thème de la rédemption est traité avec une certaine délicatesse, et même, comme à quelques autres moments, une réelle poésie visuelle. Trop peu, trop tard? Peut-être. A vouloir jouer sur tous les tableaux, Bruce Mac Donald a raté l'occasion de nous offrir son Lost Highway. Dommage. Dreamland. 2019. Couleur. 93mn. VOSTF. Belgique / Canada / Luxembourg. Film noir, Surréaliste. Réalisation: Bruce McDonald. Production: Jesus Gonzalez-Elvira, Amber Ripley, Sebastian Schelenz. Scénario: Tony Burgess, Patrick Whistler. Montage: Duff Smith. Photographie: Richard Van Oosterhout. Musique: Jonathan Goldsmith. Avec: Stephen McHattie, Henry Rollins, Juliette Lewis, Lisa Houle. the boat Tandis qu’il effectue une promenade en mer, un jeune homme croise la route d’un voilier qui semble abandonné. Il monte sur le navire pour savoir ce qu’il en est... Typiquement un film "high concept" : une bonne idée, simple, tenue de bout en bout, à la manière d'un Duel ou d'un Jaws (deux références spielbergiennes dont le film n'a pas à rougir). Soit donc un brave gars (dont on ne saura jamais le nom), qui part pécher un matin, heurte un navire de plaisance abandonné et se retrouve piégé dessus. Toute l'intelligence du film réside dans l’ambiguïté avec laquelle cette situation est traitée par le réalisateur. Thriller ou film fantastique? Le bateau est-il hanté, ou abrite-il un mystérieux maniaque décidé à faire vivre un enfer aux malheureux qui l'abordent? La réussite du film tient dans sa capacité à maintenir quasiment jusqu'au bout cette ambiguïté. Tendu de bout en bout, sans jamais lâcher le point de vue de l'infortuné héros qui se débat pour sa survie avec des avanies parfois très prosaïques, et parfois très mystérieuses, The Boat parvient à constamment surprendre, maintenir en haleine et parfois même, faire rire. Porté à bout de bras par son interprète principal (et unique) et une mise en scène au cordeau, The Boat, en dépit de sa conclusion un peu cheap type "triangle des Bermudes" est une vrai réussite. Intense, surprenant, intriguant. Bref, ne le ratez pas. The boat. 2018. Couleur. 100mn. VOSTF. Angleterre / Malte. Thriller. Réalisation: Winston Azzopardi. Production: Joe Azzopardi, Winston Azzopardi, Roy Boulter. Scénario: Joe Azzopardi, Winston Azzopardi. Montage: Daniel Lapira. Photographie: Marek Traskowski. Musique: Lachlan Anderson. Avec: Joe Azzopardi.
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