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swallow

4/1/2020

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​Rien de plus anodin qu'une petite bille de verre ; quoi de plus dérisoire qu'une punaise en métal? Et quoi de plus troublant qu'une bouche entrouverte, qui avale l'une et l'autre, dans un geste létal?
Photo
​Hunter Conrad a tout pour être heureuse : un riche et beau mari le bien-nommé Richie, héritier de l'empire financier paternel, une grande maison toute de béton et de verre nichée entre un lac et une forêt profonde, une vie à l'abri des tracas matériels et du temps à ne savoir qu'en faire : l'American Dream tel qu'on le rêvait du temps des Trente Glorieuses, du président Eisenhower et des Cadillacs roses ; mais comme dans les mélodrames flamboyants de Douglas Sirk, les banlieues les plus chics, comme les visages les plus lisses, cachent des fissures qu'un tremblement suffit à faire voler en éclat. Et ce tremblement, pour Hunter, va se manifester de la plus étrange des façons, le jour où elle apprend qu'elle est  enceinte : un irrépressible appétit pour les objets, non plus au sens figuré sur un mode bêtement consumériste, mais littéralement ; Hunter engloutit une bille, puis une punaise, se blesse, saigne et recommence.
​Sa belle-famille, alarmée, décide alors de la soigner de force et de la surveiller étroitement pour éviter toute rechute, moins par souci de sa santé que pour garantir celle de l'enfant à naître. Mais si cette maladie qu'on lui diagnostique, le PICA,  au lieu d'être la cause de son malheur, était au contraire le symptôme d'un malaise plus profond?
​Comme les lignes ci-dessus vous l'auront fait deviner, Swallow est moins un documentaire sur le syndrome de PICA, ou un thriller psychologique à la Polanski, que le portrait Cassavettien d'une Femme sous influence entrant en rébellion contre elle-même et revendiquant son droit à exister, fut-ce au prix de sa santé mentale (et physique).

Belle plante muette et docile, issue d'un milieu modeste que son mariage a extraite de sa condition, la place de Hunter dans la famille Conrad est simple : sourire, servir son mari, et engendrer sa descendance. Point. Personne ne l'écoute lorsqu'elle se risque à ouvrir la bouche, alors cette bouche elle va l'ouvrir pour autre chose. Si Hunter se met à manger des objets, c'est peut-être et avant tout parce qu'elle est elle-même un objet aux yeux de son mari et de sa belle-famille.
​Loin de se contenter de dépeindre la déréliction mentale d'une femme réduite à quia par la violence des rapports de domination exercée sur elle par un patriarcat qui ne dit plus son nom, Swallow explore au contraire la résilience d'une femme-enfant brisée par son passé mais qui cherche par tous les moyens à conquérir son indépendance. On la croit folle, quand ses actes mystérieux et apparemment auto-destructeurs ne sont peut-être que ses efforts désespérés et inconscients pour se libérer de ses chaines.
​Toute l'habileté du récit tient dans la minutie avec laquelle Carlo Davis scrute ces signes de craquements,  à la recherche du souffle de vie caché au fond de sa poupée de cire : un plissement des lèvres, un battement de cil, un imperceptible hochement de tête, autant de signes d'un malaise existentiel qui va déborder jusque dans la mise en scène : aux plans fixes et blafards, mortifères, de Hunter tournant en rond dans sa prison de verre, vont imperceptiblement succéder des mouvements d'appareils et l'apparition de teintes chaudes, quand elle cède à sa pulsion, puis quand elle prend conscience de ce que celle-ci signifie pour elle.
Brillamment mis en scène et interprété par des comédiens hors pairs (mention spéciale à la falote Haley Bennett qui s'offre là un rôle à la mesure de Mia Farrow dans Rosemary's Baby), Swallow est une ode féministe à la liberté, au prix qu'il en coûte de la revendiquer, et aux dangers qu'on encourt à défier le statu quo et ses adorateurs, les brûleurs de sorcières de partout et d'ailleurs ; bref, une pilule dure à avaler...
Photo
Sortie le 15 janvier 2020
Ecrit & réalisé par Carlo Mirabella Davis, avec Haley Bennett, Austin Stowell, Elisabeth Marvel, David Rasche, Denis O'Hare.
USA/2019/VOST/1H35
NB : en bonus, la directrice de la photographie Katelin Arizmendi parle de son travail sur Swallow (à regarder après le film si vous voulez comprendre de quoi elle parle)

Katelin Arizmendi parle de "Swallow", de Carlo Mirabella-Davis - Katelin Arizmendi about "Swallow", by Carlo Mirabella-Davis from AFC on Vimeo.

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