Vous cherchez un film à regarder pendant votre déconfinement : Vivarium est parfait pour vous remettre dans cette angoissante période où on ne pouvait pas sortir de chez nous... mais il aborde aussi des thématiques beaucoup plus profondes. vivarium: "l'inquiétante étrangeté" de la vie ordinaireTom et Gemma, couple de jeunes trentenaires, cherchent un endroit pour s'installer ensemble. Ils rentrent dans une agence immobilière dont l'agent leur décrit un bien parfait pour eux, dans "une banlieue mixte, calme, ni trop près, ni trop loin de la ville". Même s'ils sont moyennement convaincus, ils décident d'aller jeter un œil à la propriété. Petit problème : ils se retrouvent coincés dans ce quartier résidentiel et ne parviennent pas à en sortir. Tom (Jesse Eisenberg ; Le village, Zombieland) et Gemma (Imogen Poots ; Green Room, 28 jours plus tard) incarnent à la perfection ce couple qui sombre peu à peu dans une détresse routinière : la peur remplace la joie, la solidarité se transformant avec le temps en solitude partagée. Le réalisateur, Lorcan Finnegan, dont c'est le second long métrage (je vais personnellement guetter avec impatience ses prochains projets) dénonce ici, de son propre aveu le conformisme, le consumérisme qui nous pousse à être enrôlé, dès la naissance, dans un système qui nous dicte nos aspirations, nos projets, nos envies. Cela crée un sentiment d’insatisfaction factice permanent. Et pour dénoncer cette aliénation, il s'appuie sur des références classiques : la banlieue "parfaite" (le lotissement Yonder) est inspirée de tableaux de Magritte L'empire des lumières (NB : Comme le plan hyper connu de L'exorciste...). Il renforce encore ce sentiment d'irréalité par le fait que les maisons sont parfaitement identiques. Les personnages semblent évoluer dans un décor (qui fait un peu penser à Truman Show, sauf qu'ici, il n'y a aucune interaction avec d'autres formes de vie). Pour rendre cette atmosphère complètement surréaliste, il s'est appuyé sur des story-board très précis. Il reconnait également une influence des séries La quatrième dimension et Bizarre Bizarre de Roal Dahl qui sont des anthologies d'histoires plus ou moins fantastiques, mais qui gardent toujours une très forte similitude avec la réalité; seul un petit élément, un grain de sable, permet de distinguer les mondes dépeints du notre (pour les plus jeunes, cela correspondrait à la déformation de Black Mirror, en un peu plus subtile). Pour renforcer cet effet de réalité distordue, Lorcan Finnegan utilise des procédés visuels très maîtrisés comme des cadrages géométriques (qui personnellement m'ont fait penser à la froideur du premier acte de Swallow), un ciel peint, avec des nuages toujours inspirés de Magritte, un écho étrange qui résonne dans les rues de la cité... En bref, ce film est pour moi une grande réussite. Sa sortie annulée sur les écrans mi-mars nous a privé d'un visionnage en salle mais je ne saurais trop vous conseiller de le voir chez vous, dans des conditions optimales (bannissez PC et smartphone si vous le pouvez), comme vous le recommande le petit Jesse... Vivarium, de Lorcan Finnegan, Avec Jesse Eisenberg, Imogen Poots Irlande/Belgique/Danemark - 1 h 37 VOD disponible sur canal VOD, Filmo TV, Orange VOD, Universcine. NB : Ne regardez surtout pas la bande annonce au risque de vous spoiler tout le film, contentez-vous du teaser !!
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