Par innana Ivert Alors d'accord, on a six mois de retard... mais pour tout ceux qui comme nous avez raté le coche en avril (moment de sa sortie sur Netflix), voici une série de Noël qui vous changera un peu des niaiseries habituelles proposées à cette époque de l'année. Nick Sax est un ancien flic, alcoolique, addict aux drogues, au jeu, et légèrement violent. Pour sa reconversion, choix de carrière intéressant, il est devenu tueur à gage. Son contrat du jour, tuer les trois frères Scaramucci, neveux du parrain de la mafia locale. Comme Nick est fainéant, il se débrouille pour les regrouper tous au même endroit et les dézinguer collectivement. Pas de bol, Mikey, le petit frère, qui revient tout juste de l'enterrement de papy en Sicile, est aussi présent. D'une pierre, quatre coup, il élimine toute la fratrie. Léger manque de chance encore une fois, le fameux Mikey devait délivrer à son oncle un mot de passe, ouvrant une liste de noms d'une importance capitale. En sortant de la tuerie, Nick en profite pour faire un petit infarctus. Revenant à lui dans le camion du SAMU, sous morphine, il voit une licorne bleue qui lui demande de l'aide pour sauver Hailey, la petite fille dont elle est l'ami imaginaire... La série est adaptée d'un roman graphique de Grant Morrison (connu pour avoir beaucoup travaillé chez DC renouvelant Batman, par exemple et un peu chez Marvel avec Marvel Boys et Fantastic Four). Le graphisme est très comics, mais d'une violence rare, parfaitement rendue dans la série. Les personnages, peu étoffés et archétypaux trouvent une véritable épaisseur sur écran. Et franchement les "fucking" traduits en français par "putain de" à toutes les phrases sont insupportables. Revenons donc à la série : le mélange réel/animé n'est pas une nouveauté. Même si le travail n'est pas aussi soigné que dans Qui veut la peau de Roger Rabbit, référence en la matière [cf cette vidéo passionnante] on y croit sans problème. L'originalité de la série tient surtout sur le mélange des genres ( entre monde imaginaire à paillettes de la licorne bleue et le cynisme hyper-réaliste et la violence de Sax) et sur la galerie de personnages, plus déjantés les uns que les autres. Nick (Christopher Meloni, vu dans Oz) incarne le désespoir et la loose avec beaucoup de présence, son regard à lui seul incarne tant son incrédulité face à cet ami imaginaire, que sa misanthropie face au reste de l'humanité. .La scène d'introduction (cf la bande annonce ci-dessous) est d'ailleurs très révélatrice du ton général de la série. Mr Blue (oncle des Scaramucci et boss de la mafia new-yorkaise) est incarné par un Ben Kingsley-like (Ritchie Coster), d'un calme olympien, dans le style cocotte minute prête à exploser (A son fils « si tu ne fais pas taire le chien, il va falloir que j'y mette le feu, et ça sera le quatrième de l'année »). Il utilise tous les moyens en son pouvoir pour mettre la main sur Sax et sur le mot de passe que ce dernier est censé avoir recueilli des lèvres de Mickey, envoyant à sa poursuite un psychopathe patenté, Smoothie, inquisiteur en chef. De leurs côtés, tous les autres syndicats du crime new-yorkais, des gangs portoricains aux ninjas, en passant par les triades de Chinatown essayent d'éliminer Nick pour empêcher Blue de devenir le chef incontesté des gangsters de la ville. Smoothie, spécialiste en interrogatoire saignant et long (tout le but étant de faire parler le patient sans qu'il calanche), est incarné par un acteur (Patrick Fishler) aussi flippant et charismatique que Lawrence Olivier dans Marathon Man. D'une maniaquerie sans borne, très délicat, il considère son travail comme un art à part entière, et s'accorde de petites récréations (Smoothie time), séances de torture gratuites (comme sur un infortuné témoin de Jehovah qui a tapé à la mauvaise porte...bon, vous me direz, faut pas trop faire chier les gens non plus). Mr Blue lui confie comme mission la « surveillance » (prise d'otage tout en douceur, y compris un masque pour le visage) de la mère d'une inspectrice, ex-partenaire et ex-maîtresse de Nick. Moyen de pression fort efficace pour obliger la jeune femme (Meredith) à suivre les instruction de Blue et lui livrer Sax. Entre temps, la mère d'Hailey prend contact avec Meredith pour qu'elle l'aide à retrouver sa fille... qui se trouve être également celle de Nick. Apprenant sa paternité par Happy, « the happy horse, horse, horse, full of fun of course, of course », Nick refuse d'abord d'y croire (je rappelle que c'est une licorne bleue volante qui lui annonce) avant finalement de se mettre à la recherche de la gamine, dézinguant au passage les sbires de Smoothie et les criminels new-yorkais dans une apothéose de violence cartoonesque et de punch-line bien placées. Rameutant ses « meilleures » connections, Sax obtient un portrait robot du kidnappeur sur les indications d'Happy, ce dernier n'est autre que le père Noël... La brutalité extrême des scènes de bagarres et la noirceur générale du récit sont désamorcées par l'extravagance surréaliste de la réalisation. La mise en scène marie, dans un cocktail explosif l'univers des comics, l'humour cartoonesque et la violence graphique de Tarantino. Cerise sur le gâteau, les auteurs récompensent les cinéphiles attentifs en insérant des citations (dialogues ou plans) tirés de films cultes comme Shining ou Indiana Jones. Happy ! arrive à nous faire rire malgré les thématiques abordées (rapt d’enfant, dépression du personnage principal avec de grosses tendances suicidaires, violence constante et torture) car le scénario prend des directions inattendues et nous entraîne, d'épisode en épisode dans une folie loufoque, qui commencerait comme un mauvaise blague. "C'est l'histoire d'un ivrogne et d'une licorne bleue qui rentrent dans un bar..." Alors oui, le pitch de base a l'air un peu crétin, mais toutes ces qualités (le casting, l'humour, la violence, le scénario, la mise en scène) rend cette série à la fois passionnante et hilarante. Je vous promets qu'une fois commencé, vous ne lâcherez pas le petit écran. HAPPY
série américaine créée par Grant Morrison et Darick Robertson pour Syfy, diffusée en France par Netflix 2017/ 1 saison de 8 épisodes (42 minutes) La saison 2 est en cours de production Site officiel
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