Par Diving Nick Je vous parle d’un temps que les moins de………ans ne peuvent pas connaître. En ce temps- là , dessinait en Italie ,rien moins qu’un génie ,quasi inconnu hors de sa patrie. Benito Jacovitti était son nom . Né en 1923 ,Jacovitti commence à "crobarder" dès 16 ans, pour une revue satyrique (Il brivido: le frisson), des vignettes humoristiques, puis très rapidement ,on lui confie une page entière, qu’i l couvrira de gags. Puis dans les années quarante, il commence una storia a fumetti (Une BD ) :Pippo e gli inglesi (Pippo et les Anglais), qui le décidera à faire de la BD, son métier. Il est vite repéré par une revue catholique (Il vittorioso),avec laquelle il travaillera durant 30 ans. Son extrême minceur le fera surnommer "lisca di pesce": "arête de poisson" et c’est avec le dessin d’une arête de poisson, surmonté d’un « Jac » qu’il signera désormais ses dessins. Avec le temps ,Jacovitti prendra du poids, et se demandera , avec malice, s’il ne devait pas signer d’un squelette de baleine. Son dessin, influencé au début par celui de E.C. Segar, le créateur de Popeye, évolue rapidement en un style unique. le non-sens jacovittien: aventures loufoques, personnages déjantés et animaux barrésL'univers jacovittien ne ressemble à aucun autre, (hormis celui d'Harvey Kurtzman, qui inventa MAD en 1952, donc bien des années après l'âge d'or des pulps italiens, et il n'est pas impossible qu'il s'en soit inspiré). Dans la multiplicité des personnages issus de l'imagination débordante de Jacovitti, se trouvent des caractères récurrents, tel que les trois P (Pippo, Pertica e Palla: Pippo,Perche, et Ballon) trois gamins débrouillards, honnêtes et justiciers, qui seront aidés plus tard par la signora Carlomagno ,une vieille dame à bibi, voilette et col de fourrure, distribuant des baffes à tout instant. Baby Rocket, Elviro le vampire, Cip l’arcipolizzioto (archiflic) et son assistant Gallina(la poule) préposé aux baffes, Mandrago il mago(une parodie de Mandrake), Coco Bill, (un cow-boy à la gâchette facile), L’onorevole(honorable) tarzan (avec chapeau melon, pagne en peau de panthère, cigare, souliers et revolver à la ceinture) Zagar ,sorte de Fantomas tout noir coiffé d’un canotier. Ces quelques personnages évoluent dans des histoires différentes, parfois apparaissent « en guest-star » Je dis « quelques » car Jacovitti en a créé d’innombrables. Les histoires sont hilarantes et barrées ,pleine de baffes ,de coup de poings (le coup de poing jacovittien demande à être vu !)de coups de feu (à la Tex Avery) de courses (slapstick). L’absurde ,voire le grotesque, et le non-sens sont omniprésents. Les vignettes ne comportent que peu d’espace vide , bourrées de détails incongrus : Salami posés sur le sol ,poissons aux yeux globuleux, vers coiffés d’un chapeau melon, fumant une cigarette, os, crayons, dés, bébés emmaillotés, pléthores de personnages (humains ,animaux) contemplant une action à laquelle ils ne participent pas. Un Jacovitti ne se décrit pas (tâche insurmontable), il se déguste, comme un foie gras et Sauternes , avec délices. Je vous envie ,vous allez découvrir Jacovitti (fouillez sur internet !!!). PS : Jacovitti a aussi illustré un « Pinocchio » ,un « Alice au pays des merveilles » un « Kamasoutra ». Quelques albums ont été publiés en français dans les années 70-90. Il s’est rendu très populaire, en illustrant l’édition annuelle d’un agenda pour lycéens et étudiants( le diario VITT) de 1949 jusqu’au milieu des années 70. Décédé en 1997, mais jamais oublié par ses fans transalpins, Jacovitti mérite définitivement d'être découvert par le public français, en ce qu'il incarne le chaînon manquant entre l'esprit bon enfant de la BD franco-belge et les délires psychédéliques des comics d'avant-garde américains des années soixante.
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Septembre 2019
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