Adaptation d'un roman graphique de Charles Forseman, The end of the fucking world raconte la cavale de deux adolescents (James et Alyssa) un peu paumés, qui ne trouvant pas leur place dans le monde, décident de quitter leur cambrousse pour partir vivre leur vie. Les deux personnages principaux dépeints dans le roman sont très bien transcrits à l'image, la série étoffant leur personnalité et permettant de s'attacher bien plus à eux. James se décrit lui-même comme un psychopathe (à 8 ans, il plonge la main dans un bain d'huile, juste pour « sentir quelque chose »). Pour s'occuper, il tue les animaux qui lui tombent sous la main. Jusqu'à décider qu'il est nécessaire de tuer quelque chose de plus gros, beaucoup plus gros, et le lycée est l'endroit rêver pour se trouver une proie sur mesure. Il rencontre Alyssa, adolescente rebelle qui déteste sa famille à l'image si parfaite et refuse de rentrer dans les cases socialement acceptables. Il la juge « intéressante à tuer » et prétend vouloir sortir avec elle pour s'en rapprocher. Tout part en vrille quand son beau-père fait des avances à Alyssa et qu'elle décide de quitter cette ville (et vie) de merde. Elle convainc James d'emprunter la voiture de son père et un énorme coup de poing en pleine tronche plus tard commence leur road trip. James l'emmène donc sur les routes, se demandant à chaque instant quel bruit elle fera quand il lui tranchera la gorge... Au fur et à mesure de leurs mésaventures, James s'aperçoit qu'il n'est peut-être pas si psychopathe que ça, Alyssa déclenchant chez lui des sentiments qui jusque là lui étaient inconnus. Ces Bonny and Clyde adolescents, fugueurs, et complètement paumés, passent leur temps à faire de mauvais choix, à rencontrer des adultes pervers, toxiques ou sadiques. Et se retrouvent évidemment dans des situations plutôt dramatiques (et dangereuses). Les deux jeunes acteurs (Alex Lawther et Jessica Barden, qui ont presque l'âge du rôle, ou en tout cas qui sont très crédibles) sont très bons et jouent avec beaucoup de réalisme cette histoire qui, elle, flirte sans cesse avec l'absurde et l’humour noir (comme pourrait le faire un épisode de Black Mirror). L'histoire est racontée de leur point de vue et leur tristesse, leur absence d'espoir et leur ennui permanent dépeint parfaitement cette période de la vie où on se cherche en permanence. Ils sont attachants, même si elle est une tête à claque et lui assez apathique (avec des pensées souvent creepy). C'est l'exploration de l'adolescence où le monde est forcément noir ou blanc, pas de concession possible. James se croit psychopathe car il ne se sent à sa place nulle part. L'égoïsme des adultes qui les entoure (ou leur indifférence) poussent Alyssa et James à fuir la médiocrité de la société policée où leur futur quelconque et ennuyeux semble tout tracé. Le décalage entre le scénario, un peu barré et le sérieux des personnages apporte une certaine légèreté à cette mini-série dramatique qui vaut le coup d'être découverte. Ce mélange de rebondissements improbables et de réflexion profonde sur le mal-être adolescent amène le spectateur à réfléchir et lui permet une identification profonde avec nos deux fugueurs. C'est drôle, beau et triste comme la vie à cet âge. THE END OF THE FUCKING WORLD
Série britannique crée par Charles Covell pour Channel 4 et Netflix 2017/ 1 saison / 8 épisodes (18-25 minutes) La saison 2 est en cours de production [ NDLR: Vu comment finissait la première, on est en droit de se demander si c'est une bonne idée].
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Mars 2020
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