(Young Frankenstein) réalisé par Mel Brooks, avec Gene Wilder, Marty Feldman, Peter Boyle, Madeline Kahn, Teri Garr et un Gene Hackman méconnaissable! USA/1974/1H46/VOST Certains d'entre vous, jeunes et fidèles sectateurs de l'Absurde Séance, l'ignorez sans doute, mais il fut un temps pas si lointain où Mel Brooks était un dieu; où la seule évocation de son nom suffisait à précipiter des foules de spectateurs avides de comédie déjantée vers les salles obscures, à une époque où le summum de l'humour pour le public français consistait à assister aux "désopilantes" aventures des Charlots (pour le meilleur) ou des Treize cloches (pour le pire). C'était l'époque où la France subissait le joug des comédies pas drôles dirigées par les quatre cavaliers de l'apocalypse nanarde, j'ai nommé Phillipe Clair, Richard Balducci, Michel Caputo et Max Pécas. Les rares incartades de comiques étrangers , (Monty Python, National Lampoon) restaient confidentielles voire incomprises. C'était le désert, l'affliction...Heu... LE MOT DU COLONEL KURTZ: "L'HORREUR?" Merci Colonel Kurtz, c'est le mot que je cherchais! C'est peu dire que lorsqu'apparurent au mitan des années 70 sur les écrans français les premiers films de Mel Brooks, un vent de panique salvateur est venu balayer la lande désolée de la comédie pouet-pouet, au point que nos franchouillards aux abois se sont mis à se gratter la tête en disant: "mais qui c'est ce Mel Brooks?" Et bien, cher amis minables, Mel Brooks est un rejeton particulièrement doué du Bortsch Belt, le circuit de salles de spectacles juives de l'Etat de New York, dans lequel bon nombre de comédiens tels que Jerry Lewis ou Danny Kaye firent leurs premières armes. Comédien, scénariste, il devient réalisateur avec "the producers", hilarante satire de Broadway dans laquelle deux escrocs montent la pire comédie musicale de tous les temps: Springtime for Hitler...Oui, le bon goût est le cadet de ses soucis, et cette verdeur deviendra sa marque de fabrique au travers de son arme favorite: la parodie des genres hollywoodiens: parodie du western dans "Le sherif est en prison", du space opera dans "Spaceballs", de l'âge d'or du film muet dans "Silent movie" (son meilleur film à mes yeux de modeste aficionado), et des classiques films d'horreur de la Universal avec "Young Frankenstein", nous y voilà (ouf!). Armé de son mauvais goût très sûr, de son talent pour les répliques qui tuent et de son sens imbattable du tempo, Brooks revisite les deux chef-d'oeuvres de James Whale, Frankenstein et la fiancée de Frankenstein*, et réalise l'exploit de transformer une fable tragique en énorme déconnade non pas en la traitant avec condescendance, mais au contraire en respectant à la lettre les codes du genre, tout en les poussant dans leurs ultimes retranchements. Lachés dans les décors du film de 1931, les acteurs, au premier rang desquels Gene Wilder incarnant un petit-fils du docteur Frankenstein peu enclin à reprendre la suite de son illustre parent, et surtout Marty Feldman, célèbre acteur de second rôle au strabisme très très divergent dans le rôle d'Igor, s'emparent du classique de l'Universal pour en pervertir les rôles en les poussant jusqu'à l'absurde. Frankenstein junior, lettre d'amour adressée par un jeune auteur au cinéma qu'il adorait enfant, devenu un classique pour les générations suivantes, demeure un jalon pour les cinéphiles déviants qui se sont remis à croire que la comédie n'était pas morte. Et rien que pour ça, on lui pardonnera les catastrophiques Robin Hood et Dracula, mort et heureux de l'être, legs embarrassants d'un auteur vieillissant par alleurs tant pillé par les générations suivantes, le Saturday Night Live aux USA, ou les Nuls et leurs descendants en France. *C'est bien gentil tout ça, mais de quoi ça parle au juste Frankenstein junior? -Et bien pour le savoir, jeune béotien, tu vas commencer par louer dans ton videostore préféré Frankenstein, si tu ne l'as pas vu, et ensuite tu vas ramener tes fesses à l'Absurde Séance pour comprendre à quel point l'adapation de Mel Brooks tape dans le mille. Ca te va comme ça?
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