réalisé par John Mc Tiernan, avec Arnold Schwartzenegger, Austin O'Brien, Charles Dance, F.Murray Abraham et Ian McKellen dans le rôle de la Mort... USA/1993/2H10/VOST Danny Madigan est une jeune garçon de onze ans qui préfère de loin les joies du cinéma aux aléas de la vie réelle; et rien ne peut lui faire davantage plaisir que d'apprendre l'arrivée imminente dans sa salle de quartier du dernier Jack Slater, le héros ultime des films d'action "hard boiled". Le projectionniste, un vieil homme qui a pris l'enfant solitaire en affection, l'invite à découvrir le film en avant-première, et lui remet un billet magique, relique du grand Harry Houdini. Et magique il ne l'est pas qu'un peu, car il va projeter littéralement Danny dans le film, le précipitant dans les aventures rocambolesques faites d'explosions d'immeubles, de poursuites en voitures, de coup de théatres et de vannes fatales qui font le quotidien d'un héros de film d'action, au grand dam de Jack Slater, qui ne comprend pas comment ce gosse venu de nulle part en sait plus que lui sur l'enquète qu'il mène, mais au plus grand bénéfice de l'Affreux de service Benedict, qui voit dans ce billet l'opportunité de passer dans notre monde, celui où les méchants, non seulement ne se font pas sévèrement tatanner à la fin, mais ont plutôt de bonnes chances de gagner! Et pendant ce temps-là la Mort rôde... S'il y a bien un film injustement méconnu dans les carrières conjointes de Mc Tiernan et de Schwartzenegger, c'est bien Last Action Hero. Ecrasé par les T-Rex de Jurassic Park sorti la semaine précédente, le film fit un flop et disparut rapidement des écrans. Pourtant, elles étaient rares à l'époque les stars de blockbusters à prendre le risque de jouer avec leur image et à oser l'autodérision. C'est pourtant ce que fit Schwartzie, et malgré l'échec du film, on ne peut qu'être admiratif devant la finesse (oui, j'ai casé Schwartzie et finesse dans la même phrase, mais on parle d'un film qui fait s'affronter Arnold et la Mort du Septième Sceau de Bergman!) avec laquelle le scénariste Shane Black a disséqué un type de films qui se prétait de facto à la parodie, et l'intelligence avec laquelle John Mc Tiernan met en scène ce démontage malicieux des poncifs d'un genre auquel il a donné ses lettres de noblesse. Film "Méta" multipliant les caméos et les citations illustres, Last Action Hero est avant tout une déclaration d'amour au cinéma, un peu comme La Rose Pourpre du Caire, mais avec plus d'explosions...
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de Michele Soavi, avec Ruppert Everett, Anna Falchi, François Hadji-Lazaro scénario Gianni Romoli, d'après l'oeuvre éponyme de Tiziano Sclavi, le créateur de « Dylan Dog » Italie / 1994 / 1H40 Il se passe de drôles de choses dans le cimetière de Buffarola: la septième nuit suivant leur inhumation, les morts ont une fâcheuse tendance à sortir de leur tombe avec au ventre cette fringale propre aux dysenteriques astreints à toute une semaine de diète BRATT; et comme tout zombies qui se respectent, ils jetteront toujours leur dévolu non pas sur une bonne salade pleine de vitamine, mais sur le premier clampin venu afin de s'offrir un festin de tripoux et de pâte de tête...étonnez-vous après ça qu'ils aient si mauvaise mine. Mais, pour paraphraser un ministre humaniste, les morts-vivants illégaux ont vocation à retourner dans leur dernière demeure, et pour ça, heureusement, il y a l'homme de la situation: Francesco Dellamorte, l'impavide gardien du cimetière, qui fait entendre à coups de balles dum-dum la voix de la raison. Comme personne ne croit à une épidémie de « zombiite », en dépit des formulaires réglementaires qu'il remplit inlassablement pour demander du renfort aux édiles municipales, il en est réduit à ne compter que sur son fidèle assistant Gnaghi, un brave garçon à la corpulence inversement proportionnelle au brio de sa conversation; mais comme le dit la chanson:"l'amitié entre officiers, ça ne remplace pas les femmes", et Francesco, cloitré derrière les hauts murs du cimetière dans sa routine exterminatrice et sa solitude à deux, en fait jour après jour l'amère expérience. Un brin mélancolique (on le serait à moins), il s'accroche à la réalité par le dernier fil qui tienne encore, celui du téléphone, d'où lui parviennent les voix du monde extérieur, un monde dont il se sent irrémédiablement coupé, jusqu'au jour où la vie elle-même pénètre l'enceinte de la nécropole sous la forme d'une ...veuve! Pour Francesco la messe est dite: cette femme c'est Elle, celle de sa vie, et il va tout faire pour la conquérir. C'est sans compter avec les caprices du destin, qui nous inculque très tôt que "les histoires d'amour finissent mal en général", ce qu'on devrait pourtant savoir quand on est un tueur de zombies à la raison fluctuante. Un beau héros romantique et ténébreux, un sidekick improbable, une belle inconnue qui n'arrête pas de mourir et de revenir, des hordes de monstres tapis dans les replis d'un monde cauchemardesque s'insinuant insidieusement dans la réalité, pas de doutes, nous sommes bien dans l'univers baroque et distancié de Tiziano Sclavi, et de son héros le plus populaire: Dylan Dog. Fumetti extrêmement célèbre en Italie depuis sa création en 1986, cette bande dessinée met en scène un détective anglais spécialiste du surnaturel, qui passe son temps à poursuivre ghoules et sorcières tout en tombant amoureux de ses clientes, ce qui a des conséquences fatales pour lui comme pour elles. Cet univers gorgé de références à la culture pop, les films d'épouvantes et la littérature fantastique gothique repose sur un équilibre subtil entre cruauté violente des péripéties propres aux "Pulp magazines" et une certaine distance ironique du récit, un ton parfois poétique qui tranche avec le commun de la littérature de gare.Pourtant Dellamorte n'est pas Dylan, c'est un personnage à part entière auquel Sclavi avait consacré un roman avant même de créer sa star, et bien qu'il ne fut finalement publié qu'en 1991, on peut y voir l'ébauche de ce qui allait devenir son « opus magnus ». Difficile de croire qu'avec un tel potentiel il ait fallu attendre tant de temps pour voir le petit théâtre de Sclavi transposé au grand écran. Il aura fallu que deux conditions soient réunies: D'abord trouver un réalisateur capable de restituer sans l'affadir un monde original où se confondent sans cesse le vrai et le faux, l'humour et l'horreur, sans jamais tomber dans la balourdise ou le cynisme; ce fut chose faite en la personne de Michele Soavi, ancien assistant de Dario Argento et Terry Gilliam, un homme qui sait ce que puissance poétique et humour baroque peuvent accomplir sur le plus bancal des scénarii; d'aucuns (dont votre serviteur) s'accordent à dire que Dellamorte reste à ce jour sa plus grande réussite. Enfin il fallait trouver l'interprète capable d'incarner le héros de papier, et là force est de constater que le destin peut parfois accomplir des miracles, car c'est nul autre que Ruppert Everett qui accepta d'endosser le rôle, le même Everett dont l'élégance et l'ironie toutes britanniques avaient inspiré un auteur de BD transalpin pour les traits d'un nouveau héros baptisé... Dylan Dog! |
Absurde SéanceToutes les chroniques écrites dans le cadre du festival entre 2011 et 2015 Catégories
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