Par Innana Ivert Suite à l'ouverture de cette nouvelle rubrique « littérature », j'en profite pour vous faire partager mon coup de cœur de cette année, offerte à Noël par mon cher cousin qui connaît si bien mes goûts.. Colder est l'histoire de Reece Talbot, 29 ans, infirmière. Elle héberge chez elle un patient, sans nom, enfermé dans un "locked-in syndrom" (syndrome d’enfermement), depuis que la clinique où elle travaillait a fait faillite. Il n'a pas de dossier, pas d’identité, ne parle ni ne réagit à aucun stimuli, et est... froid. Elle dit elle-même que cet homme est une impossibilité clinique (à 2 degrés Celsius, il devrait être mort ou dans un coma profond). Or après la visite d'un mystérieux personnage (Nimble Jack) que Reece ne peux pas voir, l'inconnu se réveille et commence à lui parler… Declan (c'est son nom) explique que Nimble Jack a la faculté de subtiliser la raison des gens en les rendant cliniquement fous, et qu'il lui a laissé un pouvoir, en échange de sa température corporelle, celui de rendre leur équilibre mental à ces dépossédés, tout en voyageant dans le monde sordide et peuplé de créatures démoniaques qu'est la Folie. Le recueil compile les trois tomes de la trilogie (Colder, The bad seed et Toss the bones), tous aussi passionnants les uns que les autres. Pour les non-anglophones, dommage pour vous la bande dessinée n'est pour l'instant disponible qu'en version originale (le texte est cependant assez simple à comprendre, pas besoin d'être totalement bilingue). Les graphismes, comme vous pouvez le constater sur la couverture de l'album, sont violents et réalistes, mais exhalent une fascinante beauté glauque. Ayez donc le cœur bien accroché (ou soyez, comme nous, fans d'horreur pure et dure). Une fois cette appréhension surmontée (ou pas, personnellement, j'adore ça), vous ne pourrez pas rester de marbre devant les personnages particulièrement fouillés, le récit créatif et passionnant, même si on peut facilement ressentir des influences de John Carpenter, Stephen King (quand il est bon) ou Lovecraft. C'est une réflexion très intéressante sur la folie, ce qui nous y pousse, comment elle se propage et ce qui nous en sauve (sans poncif comme « l'amour permet de surmonter toutes les épreuves » ou autre ineptie du genre). Reece se débat face à quelque chose qu'elle ne comprend pas, qu'elle ne peux appréhender avec son esprit cartésien, qui ne peux pas exister (ou en tout cas qui ne devrait pas). Plus Declan lui fait découvrir le monde de la folie, plus elle résiste, nie, se débat, jusqu'à reconnaître la réalité de cet enfer mental. Je ne permettrai évidemment pas de spoiler les péripéties de ces trois tomes qui se suivent et s’enchaînent jusqu'à un climax parachevant magistralement un récit très abouti, tant dans le fond que dans la forme. Laissez vous porter par ces graphismes fascinants et cette histoire captivante, croyez moi, vous n'en sortirez pas indemnes... NB : Paul Tobin, scénariste de ce petit bijou, écrit depuis les années 1990 des scripts de BD chez Calibre, Marvel et White Horse. Il remporté des prix pour Bandette, dessiné par sa femme Colleen Coover. Juan Ferreyra, dessinateur de Colder (et à mon avis principal vecteur de la réussite de cette BD), a, quand à lui, participé aux graphismes de Green Arrow, New Suicide Squad, Lazarus, Falling sky, Constantine, Prometheus... Un artiste dont nous surveillerons les œuvres comme le lait sur le feu!
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Septembre 2019
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