Par Innana Ivert Et allez, on continue dans l'horreur, le glauque, le sanglant, mais ce coup-ci bourré de référence et d'humour (pas toujours très fin, mais c'est ça qui est bon!). Un camion de déchets toxiques militaires se déverse dans un lac baignant la petite ville de Carson City. Le responsable laisse couler, après tout, ce n'est que de l'eau... Seulement les fûts contiennent un produit qui a pour propriété de transformer tout ce qu'il touche en zombie affamé de chair humaine. Dans le même temps, trois dangereux gangsters, les frères Blackwood, commencent leur cavale... Je vous l'accorde, le pitch de base n'est pas d'une originalité folle. C'est le traitement qui rend cette BD complètement addictive. Tout d'abord le graphisme de Guillaume Griffon, très reconnaissable par son trait particulièrement vif, en noir et blanc pur (pas de gris), et par la violence brute de ses dessins. Le monsieur n'en est pas à son coup d'essai : après des études de comptabilité, il se rend compte que ça ne le passionne pas du tout (qui pourrait l'en blâmer). Il se lance alors aux USA dans une carrière de caricaturiste... à Disney World (Orlando) (???) avant de revenir en France où il rencontre l'éditeur Akiléos et l'auteur Céka avec qui il collabore pour donner naissance à Billy Wild (2007), coup d'essai magistralement transformé (que je ne saurais trop vous conseiller). C'est l'histoire, en deux tomes, d'un chasseur de prime qu'un mystérieux élixir a rendu invincible . Fort de ce succès, il se lance ensuite dans l'heptalogie qu'est Apocalypse sur Carson City entre 2010 et 2018. Cinéphile (probablement), il truffe les différents tomes de références plus ou moins dissimulées au cinéma de genre [ NDLR: et aux jeux vidéos, CF les présentations des personnages] : horreur, action, fantastique, humour, tout y est. Du générique (avec des noms d'acteurs, réels ou imaginaires) à la présentation des personnages (points forts, points faibles, espérance de vie), de la découpe des cases aux dialogues, on est directement plongé dans un univers cinématographique pur... Griffon se paie même le luxe, à chaque chapitre, de citer des dialogues de film ou de série (« - Mais, mais... Sortez ! Vous êtes dans la maison du seigneur ! - Ah, ouais... Ben on tâchera de partir avant son retour » Walker Texas Ranger ; « -Bon alors ça quand même, ça ne se voit pas tous les jours ! - Alors, qu'est-ce que tu proposes maintenant ?? - Désolé, mais la terreur annihile toutes mes facultés conceptuelles. » Ghostbusters). Le premier tome (Épisode 1 Fuite Mortelle) est d'ailleurs « monté » (oui, je rappelle qu'on est dans un long métrage tourné en BD...) comme un film de Tarantino, avec des flash-backs, plusieurs histoires séparées qui finissent par se rejoindre. Cet épisode n'est qu'une exposition de personnages, de situations de base qui seront développées dans les épisodes suivants. Grâce à l'absence de couleur dans ses dessins, Griffon se permet de pousser l'horreur loin, très loin, bien plus qu'on ne pourrait le faire à l'écran sans voir une partie de l'audience pâlir et défaillir... Les péripéties sont plus gores les unes que les autres, les monstres et méchants effrayants (mais souvent hilarants de bêtise), les frères Blackwood sont des psychopathes finis qui n'hésitent pas à dézinguer à tout va (y compris des shérifs), quitte à leur faire sauter oeil-cerveau-oreille (et pas forcément dans cet ordre). C'est aussi l'humour, présent à toutes les vignettes, toutes les répliques, qui permet à Griffon de faire passer la violence de ses graphismes. Les personnages ont tous des réactions parfaitement absurdes ou barrées (sans pourtant nous perdre en cours de route) et nous balancent des dialogues pleins de … fantaisie (« Que personne ne bouge, à plat ventre les mains sur la tête, face au mur, bras tendus ! » « Décide-toi ou tu vas le regretter le restant de tes jours... c'est-à-dire trois secondes. »). Les créatures, bien que souvent grotesques, sont toujours effrayantes et font penser à Cronenberg (période Vidéodrome) ou Carpenter (The Thing) voire à des films bien moins prestigieux et plutôt nanardesques. Griffon s'offre même le plaisir coupable de caster dans son film dessiné des références du navet comme Steven Seagal ou Chuck Norris (monsieur ne lésine pas sur les moyens !!) Donc si on résume, c'est drôle, noir, sanglant, barré, cinématographique et graphique tout court. Bref, c'est de la bonne BD française, originale comme on aimerait en lire bien plus souvent.
Seul l'épisode final pêche, à mon goût, par l'excès d'ambition de l'auteur. [NDLR: ATTENTION SPOILER!] Après avoir fait monter la sauce pendant six épisodes, voir le dernier tome se réduire à une grosse bagarre fait un peu soufflé retombé. Mais franchement, ne passez pas à côté de cette œuvre très novatrice et visuellement réussie. APOCALYPSE SUR CARSON CITY écrit et dessiné par Guillaume Griffon (2010/2018) Série complète (7 tomes) publié par Akileos
1 Commentaire
17/11/2022 08:51:44
Position option majority close during. Realize more wide local board southern agreement. Box send south seek camera water born.
Répondre
Laisser un réponse. |
Archives
Septembre 2019
Catégories |