par Innana Ivert Pour terminer cet Étrange Festival, une satyre de notre addiction aux réseaux sociaux, un thriller belge et une comédie délirante taïwanaise. de Eugene Kotlyarenko États-Unis - 2020 Kurt Kunkle a 23 ans, depuis 10 ans, il anime une chaîne Youtube Kurtsworld96, sans jamais dépasser le dizaine de visionnage. Maintenant chauffeur Spree (sorte de Uber), il décide de passer à la vitesse supérieur et de faire un live qu'il nomme "La Leçon" (ou comment apprendre à devenir célèbre), filmant les clients de son VTC avec 6 caméras embarquées. Pour pimenter un peu l'action et tenter de devenir viral, il les tue, devenant de plus en plus créatif (mais toujours aussi peu connu)... Parfaitement incarné par Joe Keery (et sa bouille de gentil jeune premier, vu dans Stranger Things), Kurt est en recherche perpétuelle d'une reconnaissance qui pour lui ne passe que par internet ("Regardez tous ces SDF. Pitoyable. Aucune présence sur les réseaux. On pourrait les écraser, personne ne le saurait" ; il précise également que "si vous ne vous filmez pas, vous n'existez pas"). La critique de Kotlyarenko est très virulente sur notre société d'apparence et de présence permanente sur la toile (on pense au syndrome FoMo, étiqueté depuis 2011). Il montre jusqu'à quels extrêmes cette tentation de reconnaissance pousse de jeunes gens qui n'ont pas d'attaches à la vie réelle, qui ne vivent que par procuration. Kurt, en plus de devenir un meurtrier, harcèle les quelques personnes qu'il croise ayant un minimum de followers pour qu'ils le citent sur leur FB, Twitter ou autre. Le réalisateur utilise également beaucoup de split screen pour nous montrer que la vie de Kurt ne tourne effectivement qu'autour des commentaires que les autres font sur ses actions (ou les actions d'autres personnages). Les réactions des internautes sont d'ailleurs toutes aussi flippantes que les actes de Kurt. Sans jamais devenir moralisateur, le film nous montre donc l'apogée de notre société déconnectée de la "vraie vie", et si ce que nous voyons n'est pas encore un fait divers réel, ça n'est à mon avis qu'une question de temps... NB : ce film m'a beaucoup fait penser à l'épisode 1 de la saion 3 de Black Mirror (Chute libre), où les possibilités de consommation, de fréquentation, de travail... sont offertes aux gens en fonction de leur notes obtenues auprès des autres par leurs interactions sociales. Eve est envoyée en mission en province pour superviser le chantier de construction d’appartements. Un soir, elle décide de sortir en boîte pour se changer les idées. Un mec un peu lourd l'aborde au bar, un autre client de la discothèque lui vient galamment en aide. Elle boit quelques shots avec lui pour le remercier. Malheureusement, elle tombe sur un bon vieux psychopathe des familles, dont les passe-temps préférés sont le cinéma, les viols et la torture (et pas forcément dans cet ordre). C'est cliché, tout autant que la scène d'introduction du film, où une grand-mère raconte à son petit fils comment une jeune fille fut autrefois sauvée du cannibalisme d'un groupe de croisés mourants de faim par l'esprit de la forêt. LA jeune fille s'enfuie à dos de loups géants ( Princess Mononoké ?) précisant qu'elle préfère vivre parmi les loups que parmi les hommes. Conclusion : il n'y a plus de loup, mais encore des hommes (AKA des salauds), et il y a encore beaucoup. Et dès que l'on voit Eve (prénom de la femme originelle, probablement pas du au hasard) dans son vêtement rouge à capuche s'enfoncer dans la nuit, on sait d'avance que le film est plié. Pour être sûrs qu'on ait bien compris, le réalisateur et le scénariste en rajoutent : empreinte de pas sanglantes laissant supposer à un meurtre hors champs, le kidnapping d'Eve qu'ils obligent à monter dans le coffre, l'accident de nuit dans la forêt en percutant un sanglier... Autre point négatif : le film, belge, est tourné en anglais. On assiste donc à une action se déroulant en pays anglophone où l'on paie en euro (si quelqu'un a une idée d'où ça se trouve, je suis preneuse). De plus, certains dialogues donnent l'impression d'avoir été écrits en français puis traduits, ils ne sonnent pas justes. Bref, à peine le film commencé qu'on en devine la fin : l'opposition entre la gentille femme protégée par la nature, et des méchants hommes qui veulent détruire les deux. Le psychopathe donne plus à sourire qu'il n'effraye (Arieh Worthalter pseudo-Christopher Meloni, pas si mauvais) C'est un essai non transformé et c'est bien dommage. Hsiung Ying-Ying est membre du parlement taïwannais, c'est une jeune idéaliste, un peu soupe au lait. Suite à une altercation avec un journaliste, elle perd son poste et demande à Wang Yo-Wei, garde du parlement, un peu responsable de son limogeage, de se faire élire à sa place pour défendre ses idées (en l’occurrence empêcher la destruction de son village qui doit être remplacé par un champ de culture intensive). Les produits phytosanitaires épandus ont un effet secondaire légèrement néfaste : ils transforment les gens en zombie, à commencer par le président qui infecte tout le parlement... Voici donc une comédie d'horreur sur fond de critique politique (le film prévient dès son premier carton "Warning : un mauvais film vous fait souffrir 90 minutes, un mauvais gouvernement pendant 4 ans") drôle et parfaitement hystérique. Si vous connaissez Shaolin Soccer et The Mermaid, vous ne serez pas dépaysés. Le méchant est très méchant (et ridicule avec sa bande de sbires arborant des tenues plus improbables les uns que les autres), le gentil naïf est un benêt parfait, mais comme tout le film joue sur l'exagération, ça reste très regardable (et même parfois hilarant).
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