Un film canadien dont on n'attendait vraiment rien mais qui nous a mis une petite claque... Anything for Jackson Par Innanna Ivert Henry et Audrey sont en deuil. Leur unique petit fils, Jackson, est décédé dans un accident de voiture. Inconsolables, ils se rapprochent d'un cercle sataniste qui leur promet une réincarnation du disparu en invoquant les puissances démoniaques à condition de trouver un hôte. Parmi ses patients, Henry déniche le réceptacle parfait : Shannon Becker, jeune fille un peu paumée, enceinte d'un géniteur d'un soir. Mais ne maitrisant pas parfaitement les incantations, d'autres esprits se trouvent invités dans la maison des grands-parents... Ce film traite du deuil et des solutions extrêmes auxquels peuvent se résoudre même les plus raisonnables des humains. Henry et Audrey forment un couple tellement bien sous tout rapport, british dans l'âme mais leur peine est si profonde qu'ils élaborent un plan diabolique (sans jeu de mot) pour retrouver leur précieux Jackson. Les acteurs, Julian Richings et Sheila McCarthy sont d'ailleurs parfaits dans leur interprétation. Rien que la scène d'introduction en plan fixe sur la cuisine, où les deux personnages prennent leur petit déjeuner tout en tenant une conversation ultra-banale ("ton ourlet est un peu trop court, darling"), l'arrivée hors champ de leur victime et son kidnapping, le tout sans que la caméra n'ait besoin de bouger d'un poil met le spectateur dans cette ambiance particulière : un drame se déroule mais c'est presque hilarant à regarder. Le plan suivant, où la jeune fille se réveille menottée au lit et où Audrey lui lit posément les conditions de sa détention est encore plus drôle. NB : on voit ces deux moments dans la bande annonce, pas de panique, je ne spoile rien. Le réalisateur (dont la carrière se résume pour le moment à des téléfilms de Noël, on sent donc que ce projet au thème très personnel lui tenait particulièrement à cœur) a un sens du cadrage et des images très développé, avec pas mal d'humour en prime. Les personnages sont assez bien décrits et profonds pour qu'on s'intéresse à leur sort (et à leur sortilège). Ils sont même tellement sympathiques dans leur détresse qu'on en viendrait à leur souhaiter de réussir cet exorcisme inversé. Même si le spectateur se rend compte que moralement, c'est mal (ils ont quand même kidnappés une jeune femme), et qu'ils sont en train d'appeler toutes les âmes perdues de l'autre monde, on n'arrive pas à leur en vouloir. Ils sont d'ailleurs très maternant avec leur otage, lui cuisinant des cookies ou rembourrant les menottes pour qu'elle ne se blesse pas, alors qu'ils n'hésiteraient pas une seconde à la sacrifier pour retrouver Jackson. Le spectateur prend tout autant parti pour Shannon, développée grâce à des flash-backs, nous montrant d'abord comment elle apprend sa grossesse, puis l'acceptation de celle-ci.
Ses cris de détresse et la façon qu'elle a de ne pas renoncer sont les seuls comportements rationnels de ce conte fantastique qui arrive à renouveler la thématique du fantôme (même si celle-ci a été traitée des centaines de fois) en la mélangeant à la thématique de la famille, à la fois source de réconfort et prison dont on ne peut s'échapper. Belle réussite.
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