Bekzat est un jeune policier qui connaît déjà toutes les ficelles de la corruption des steppes kazakhes.
Chargé d’étouffer une nouvelle affaire d’agressions mortelles sur des petits garçons, il est gêné par l’intervention d’une journaliste pugnace et déterminée. Les certitudes du cow-boy des steppes vacillent
Dans ce film on se retrouve apparemment en terrain connu: un flic désabusé sur son métier et la réelle influence qu'il a sur la justice, des fonctionnaires corrompus qui couvrent les crimes des puissants, qu'ils soient mafieux ou membres de l'appareil d' Etat, et la présence d'un élément perturbateur (la journaliste étrangère), qui va pousser le héros à remettre en cause ses choix moraux.
Rien de nouveau sous le soleil donc, sauf qu'ici nous sommes au Kazaksthan.
Et le Kazakhstan ça n'est pas vraiment la patrie des Bisounours. Dirigé d'une main de fer par le dictateur Gurbanguky Berdihumandiov, il constitue d'après Amnesty international un des pays les plus dur et les plus fermés parmi les républiques post-soviétiques après la Corée du Nord et l'Albanie (je vous renvoie au portrait cinglant dressé parJohn Oliver pour ceux que ça intéresse).
Mais qu'est-ce que ça implique pour nous, spectateurs occidentaux?
Tout simplement que ce qui nous est montré par le prisme du polar n'est rien de moins qu'une tentative de dénonciation de la dégradation morale d'un système politique qui ne survit que par la violence qu'il exerce sur ses citoyens, à tous les niveaux. Les procureurs prononcent leur jugement autour d'un verre d'alcool partagé avec les flics, les flics arrangent les interrogatoires pour coïncider avec leur décision, et la mort est au bout du chemin pour le bouc émissaire.
Le coupable désigné est un malade mental, mais peu importe, tant qu'il s'agit d'affranchir le réel auteur des crimes. Ce n'est qu'au contact de la journaliste que Bekzat va prendre conscience de son libre-arbitre, et de finir par rendre justice.
Si Yerzhanov jour habilement avec la censure, mais l’empêche de condamner ouvertement son pays, c'est par l'emploi du cadre, du rythme des plans qu'il construit son réquisitoire.
En privilégiant la lumière naturelle, les cadres larges et un tempo lent, Yerzhanov construit une impression de réel à l'intérieur de sa fiction qui abolit progressivement les clichés de son scénario pour laisser apparaître la réalité nue, celle d'un pays sans foi ni loi, où règne la loi du plus fort, mais dans lequel parfois, si on est prêt à payer le prix fort, la justice parfois prévaut.
Une moral somme toute assez classique du cinéma américain, mais qui prend tout son sens quand on considère que nous sommes ici dans l'équivalent euro-asiatique du western, l'Eastern.
Que dire de ce truc? Que c'est un Ripp-off d'Alien à la sauce zakouski, ou de dizaines de films de séries B des années cinquante produits à la pelle par l'industrie américaine dans lesquels un alien s'introduit dans le corps d'un astronaute pour coloniser l’humanité Oui sans doute, mais après?
C'est assez curieux de voir comment le cinéma russe contemporain ( à grand spectacle, je ne parle pas du cinéma d'auteur qui est bien vivant )nie complètement son passé pour coller aux pires recettes du cinéma hollywoodien. Et pire encore, du cinéma hollywoodien d'il y a quarante ans.
Pourtant les russes n'ont pas attendus leur Némésis pour produire des films de science-fiction de qualité, et ce dès les années cinquante, au point que certains d'entre eux furent achetés et diffusés dans les Drive-in américains (quitte à les faire passer pour de films suédois, puis les remonter et les doubler pour effacer toute référence à "l'empire du mal"). Mais là à quoi avons-nous à faire ici? Un film très premier degré, plutôt bien joué et correctement mise en scène, mais totalement daté dans ses enjeux et la manière dont il les résout. Le cosmonaute se débat pour reprendre le contrôle de la créature qui l'habite, la scientifique chargée de l'aider tombe évidemment amoureuse de lui, et le militaire qui supervise l'opération s'avère être un bad guy qui veut manipuler la créature à des fins guerrières. Là je crois qu'on a coché tous les clichés du film d'invasion extra-terrestre paresseux. Ne submergent que quelques plans sur la créature ( assez banale mais crédible), et l'ambiance générale low cost des années 80. Mon verdict: MEH....
Tasya Vos est employée par une société qui lui assigne des missions assez peu morales : elle prend possession du corps d'autres personnes le temps de commettre des meurtres, engagée par le plus offrant.
Mais pour sa dernière mission, elle tombe sur un os : elle ne contrôle pas complètement son hôte, celui-ci luttant pour reprendre le contrôle de son organisme.
Après un premier long très réussi (mais un peu passé sous les radars), Brandon Cronenberg (oui, le fils de son père) nous revient ici avec un film tout aussi glauque, et tout autant réussi, qui n'est pas sans rappeler par certaines de ses thématiques A scanner darkly, et oui ici encore, nous allons être confronté à une dystopie typiquement "Dickienne".
On y retrouve deux des thèmes déjà abordés dans Antiviral : la froideur clinique et l'appropriation des corps. Ici, il montre beaucoup plus de violence, les scènes de meurtres étant filmées de manière très crue et réaliste (au point qu'une bataille juridique fait rage aux Etats-Unis, les producteurs refusant de sortir la version que j'ai vue, jugée trop gore).
Il n'est reste pas moins que cette crudité dans les détails tend à rendre le film le plus réaliste possible, en insistant sur la brutalité du travail de Vos. Elle prétend "voyager" pour le boulot auprès de sa famille , mais elle ne précise pas que le véhicule utilisé est un autre être humain qu'elle sacrifie pour parvenir à ses fins.
Pour nous faire mieux comprendre le trouble qui l'habite, Cronenberg utilise une astuce de caméra relativement simple qui instaure une ambiance bien particulière : quand Vos est dans la réalité, qu'elle incarne Tasya, le plan tremble sans cesse un peu, comme si au lieu d'être dans notre univers, nous étions en train d'observer un rêve ou quelque chose d’irréel. Dès qu'elle débute une nouvelle mission, les plans sont beaucoup plus stables. On comprend donc, consciemment ou non, qu'elle ne se sent vraie que lorsqu' elle habite quelqu'un d'autre.
La suite du film nous montre bien qu'elle est tiraillée entre son boulot (qu'elle aime malgré l'avalanche de violence qui en découle) et sa vie familiale (mari et fils). Ce conflit moral entre vie privée et vie secrète, à l'instar de celle d'un espion, où d'un agent infiltré, tend à compromettre sa lucidité au point que ses supérieurs commencent à questionner sa loyauté. Ce qui aura des conséquences funestes par la suite.
Réflexion intéressante sur le destin d'une femme, accro à la transmutation et incapable de vivre sereinement le quotidien, jusqu'au moment où "on" choisit pour elle.
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