par Inanna Ivert Aujourd'hui, un film fantastico-gothique italien, une comédie de fantômes, une chasse au buffle indienne et un WTF post-apo kazakhe. de Roberto De Feo Italie - 2019 Le film débute avec un père qui "enlève" son fils, Samuel, et part avec lui en voiture avant d'être rattrapé par les domestiques de sa femme. La course poursuite provoque un accident, entraînant la mort du père et la paraplégie du fils. On retrouve Samuel 10 ans après, vivant en fauteuil roulant auprès de sa mère psychorigide, en vase clos, dans une époque indéfinie (il y a des téléphones à cadran, mais ni internet, ni la télévision...). La petite vie de Samuel va changer le jour où une nouvelle servante, Denise, 15 ans, arrive dans la demeure. Il se sent alors pousser des ailes et une forte envie de braver les interdits maternels... On se rend très rapidement compte que quelque chose cloche dans la surprotection maternelle de Elena (fabuleuse Francesca Cavallin) ; encore plus lorsque le médecin de Samuel fait réciter à sa tante les règles de la maison : "Le monde extérieur n'existe pas", "On mange avec modération", "Nous sommes une famille unie" et "Tout ce qui est à nous est à Samuel"... mais que se passe-t'il donc dans ce sublime manoir gothique ? L'intemporalité du film est un plus non négligeable, le fait de ne pas savoir immédiatement à quelle époque on se situe (les robes victoriennes d'Elena, l'absence d'internet...) rajoute une part de mystère au film. Même si, bien évidemment, on se doute qu'Elena a une raison plus profonde que sa parano pour tenir Samuel éloigné du monde "réel", on n'arrive pas à mettre le doigt dessus jusqu'à la révélation finale, qui fait sens. Les décors gothiques soignés, l'éclairage, les costumes et l'ambiance participent beaucoup au coup de cœur que j'ai eu pour ce film. La musique (Les variations Goldberg de Bach et une utilisation sublime de la partition de Where is my mind des Pixies) est également très importante pour créer ce sentiment d'enferment malgré la taille du manoir, cette impression de ne pouvoir s'échapper et d'être, comme Samuel, prisonnier de cette époque indéfinie. Et ce casting, très juste, des adolescents à la mère en passant par le médecin hyper flippant, donnent un ton à la fois réaliste et fantasmagorique au film (on pense à Les autres, d'Alejandro Amenábar ). Même si les mauvaises langues vous diront "Tout ça pour ça", foncez, vous vous sentirez hors du temps et de la réalité et cela vous marquera, faites-moi confiance... NB : Le film a été acheté par Swift Production pour la diffusion française (mais il n'y a aucune info sur le film disponible pour le moment) NB bis : c'est seulement le troisième film italien choisi en compétition en 9 ans de PIFFF, ce qui donne à réfléchir sur les conditions de production du cinéma de genre en Italie et sur le poids énorme de l'héritage des gialli (pluriel de giallo) qui pèse sur les réalisateurs actuels.... NB ter: le film a été présenté en première française à Locarno et il y a une interview du réalisateur disponible, où il explique que c'est un film d'horreur différent, sans jumps scares, ni monstre, plus un film d'ambiance (ce que vous aurez, je l’espère, déjà compris). Et en bonus, le Q&A du PIFFF, à ne pas forcement regarder si vous ne voulez pas être (un peu) spoilé... Rose tient une auto-école, mais son vrai "talent" consiste à invoquer les fantômes et leur permettre s'incarner dans un réceptacle humain. Elle a cessé d'utiliser ses pouvoirs depuis le décès accidentel de son père, ponte télévisuel du paranormal (possédé par un nid de poule et renversé par un camion) mais décide de remettre le couvert quand Martin Martin, désespéré, l'appelle à l'aide pour sauver sa fille. Cette dernière est victime d'un sort lancé par un chanteur de variété sur le retour (sorte de Patrick Hernandez, excellent Will Forte, qui nous avait déjà réjouit dans The Last man on Earth) qui espère retrouver sa gloire perdue en sacrifiant une vierge aux puissances occultes. Je vous présente l'anti- A ghost story : voici une histoire de fantômes pleine d'humour, dépourvue de spleen et vraiment réussie. Les personnages sont particulièrement attachants, de la mégalomanie de Christian Winter (Will Forte, donc), à la naïveté timide de Rose (Maeve Higgins), en passant par le désespoir touchant de Martin Martin (Barry Ward), hanté et maltraité par sa propre femme (décédée il y a 8 ans) et par l'insupportable Claudia Winter (Claudia O'Doherty) excellente dans son rôle de femme de looser qui houspille son mari en permanence (en même temps le rôle a été écrit pour elle, c'est une comédienne de Stand-up connue en Angleterre). Bref, casting impeccable, mise en scène simple mais fonctionnelle et de bons gags ("Comme dans Ghostbusters?" "Je ne sais pas, je ne l'ai pas lu") et des références amusante (cf bande annonce et l'apparition de Rose devant chez Martin). Ça n'est probablement pas LE film du siècle mais c'est assez bien fait et distrayant pour que vous passiez un bon, très bon moment avec cette comédie fantastique intelligente, bienvenue dans le paysage cinématographique actuel (le film est sorti il y a deux mois en Irlande, mais on ne connait pas encore son destin pour le marché français) NB : le film a gagné le Silver Raven au BIFFF 2019, égalité avec Freaks (dont on vous a déjà parlé ici, qui a tout raflé au PIFFF 2018 et qui sort en DVD le 10 janvier avec une affiche abominable, soit dit en passant). Petit bonus, le clip du Hit international de Christian Winter, Cosmic woman Le terme Jallikattu désigne une fête de la tradition tamoule de l'Inde du sud, qui consiste à lâcher un taureau sur une place où des athlètes tentent d'embrasser, à mains nues, l’animal. Ici, l'histoire est un peu différente, un buffle s'échappe au moment de sa mise à mort par un boucher et se met à dévaster tout le village. Les habitants décident donc de s'unir et de partir en chasse pour arrêter l'animal avant que quelqu'un ne soit blessé. Au cours de cette traque, on assiste peu à peu au retour à l'animalité des hommes du village, les rancœurs resurgissent et ils perdent peu à peu leur humanité pour redevenir des "hommes des cavernes". Le réalisateur explique qu'à chacun des ses films, il cherche à reformuler une grammaire cinématographique. Et une fois le tournage terminé, il ne veut plus en parler pour passer rapidement au projet suivant. On sent effectivement une recherche permanente de l'image, du cadrage, de la combinaison visuelle-musicale, ce qui entraîne le spectateur dans une spirale sensorielle assez démente (et reconnaissons-le un peu fatigante sur l'heure et demi de film). On a parfois l'impression de regarder un documentaire sur la chasse au buffle, ou plutôt d'y participer, tellement le film dégage quelque chose de viscéral. Bref, c'est une épreuve visuelle et auditive, mais tellement pleine d'inventivité que ça serait dommage de passer à côté. ("Pas excitant mais très intrigant", dixit le grand Christophe Lemaire à la sortie de la projection). NB : Le film est disponible sur Amazon prime en VOSTA. Regarder la séquence pré-générique et vous saurez de quoi je vous parle quand je mentionne une expérience... NB bis : gros débat dans la salle pour savoir s'ils ont vraiment sacrifié un buffle... (question que je ne m'étais même pas posée, habituées aux production où "aucun animal vivant n'a été blessé pendant le tournage"). On retrouve un petit panneau avant le début du film sur Amazon précisant que ce ne sont que du maquillage et des trucages, pas de vrai sacrifice, ouf, notre éthique est sauve... de Valeri Milev Kazakhstan / Bulgarie - 2019 La troisième guerre mondiale a décimé 70% de l'humanité et des mutants-cochons (appelés "museaux") ont pris le pouvoir et traquent les humains restant pour les manger, et surtout nourrir la Mère (seule créature à ne pas être stérile) qui "pond" de nombreux museaux agrandissant ainsi leur armée. Une poche de résistance humaine essaye de se battre, de chercher le "Foie" (ferme d'élevage des humains) et ainsi remonter jusqu'à la Mère. Rob Justice et sa sœur moustachue (oui, je sais, WTF) Rashka font parti de ces rebelles. Quand on visionne la bande-annonce, on se demande ce que l'on regarde, quand on sort du film, on s'interroge sur ce que l'on a vu, et je suis persuadée qu'au visionnage du résultat final, le réalisateur s'est posé la même question... Mais WTF ??? Mais le film réussit à mettre pèle-mèle : un jet-pack, Dany Trejo, une femme à moustache, l'homme au plus beau cul du monde (aka Raphael, qui a systématiquement les cheveux qui "volent" dès qu'il apparaît, et un mono-string qui tient en place malgré toutes les acrobaties du monde, je cherche encore une explication), un ex-footballeur (le sosie de Christiano Ronaldo), des hommes à tête de cochon et l’épouvantable famille Fion (Asshole en VO, dont Benedict et son frère Robert, qui ont littéralement une tête de cul, et qui s'expriment par des bruits de pets). Tout ça pour le budget "ridicule" de 1,5 millions d'euros. Evidemment, le film est bourré de défauts. Le plus gros est lié à la cohérence mais a une (bonne) explication : le financement participatif n'a permis au réalisateur de tourner ses séquences qu'au coup par coup, ce qui nuit énormément à l'unité du récit. Danny Trejo, en énorme sur l'affiche, ne fait qu'une panouille de 5 minutes. Par contre, c'est bourré de gags visuels et de répliques toutes plus débiles les unes que les autres, comme un mélange de South Park (l'humour de pet), des Monty Python (le côté absurde ; ex : 1 minute montre en main pour ouvrir un sac et révéler ce qu'il contient) et de Ash contre Evil dead (cette scène où Rob se cache derrière un cadavre, lui met le flingue dans l'anus et butte un museau en tirant par la bite, on y est...) Bref, c'est bête et gore, kitsch et drôle mais totalement voulu et assumé...
Excellent film de minuit, mais je ne sais pas si c'est regardable dans d'autres conditions... En tous cas, j'ai beaucoup ri (la fatigue, peut-être... ou mon humour déviant, qui sait ?)
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