par Inanna Ivert Un film japonais foutraque dénonçant les diktats de la beauté, un thriller américain bancal comme un unijambiste, un film-concept thaïlandais (sur fond de suspension d'incrédulité et de saurien), la reprise d'une adaptation d'un roman subversif japonais et la première adaptation du Bumilangit Cinematic Universe (comics indonesien) de Yasuhiko Shimizu Japon - 2019 Une jeune femme, dont l'aspiration est de devenir modèle, fait une fixation sur son visage qu'elle trouve trop gros. Elle se rend donc dans la Clinique Esthetique Manriki où un chirurgien très séduisant lui propose une technique n'impliquant pas de cicatrice. Elle se laisse tenter, ne sachant pas vraiment ce qu'elle vient d'accepter... Le propos du film est évidemment de dénoncer les diktats de la beauté au japon (grands yeux, nez et visage fins...) et les chemins que prennent certaines personnes pour arriver à cet idéal. En gros "Vous êtes bien comme vous êtes, ne changez pas votre apparence, le plus important, c'est ce qu'il y a à l’intérieur". (discours entendu un milliard de fois, souvent asséné par des gens eux-même plastiquement irréprochables). Le film débute bien, avec une histoire qui tient debout, puis ça part complètement dans n'importe quelle direction. Les personnages n'ont aucune constance : elle est complexée, scène suivante elle houspille le chauffeur de taxi, puis est de nouveau timide... De même le docteur, très beau et sûr de lui part en cavale et devient plus ou moins SDF... (??) Ensuite, on change complètement d'histoire pour s’intéresser à un gigolo et la cougar qui l'entretient... et qui tombent également sur notre chirurgien fou. On sent bien que le scénariste (Nagano, apparemment une star de l'humour au Japon) et l'acteur principal (Takumi Saitoh, chanteur de J-pop et acteur connu, essentiellement pour des comédies romantiques gay) ont essayé de casser leurs images et de proposer un spectacle avec beaucoup de folie, dénonçant certains travers de la société japonaise sur le ton d'une comédie (car oui, c'est gore mais drôle). Les problèmes sont que le scénario est complètement décousu et les personnages changent de caractère d'une scène à l'autre. Du coup, malgré l'humour et le jusqu'au boutisme de certaines scènes, je n'arrive pas voir ce film comme un tout cohérent (malgré l'application que le réalisateur prend aux cadrages de nombreux plans) . On a plus souvent l'impression d'assister à un patchwork de mini-sketchs, avec certes le personnage du chirurgien comme fil conducteur, mais ça ne suffit pas, la sauce ne prend pas et on se retrouve avec un soufflé qui retombe... Belle ambition mais mise en pratique pas vraiment réussie. Petit Q&A qui vous éclairera peut-être sur les ambitions du film (et sûrement sur la difficulté qu'ils ont eu à trouver les fonds, le projet s'éloignant beaucoup trop de ce pourquoi ils étaient connus). NB : pour les bilingues (ou ceux qui arrivent à comprendre les traductions automatiques de Google), on trouve des interviews et même un site dédié au film. de Adam Randall Etats-Unis - 2019 L'officier Greg Harper est dans une mauvaise passe : sa femme vient de le tromper, son ado est plus rebelle que jamais, et la disparition de 2 jeunes garçons rappelle une affaire bouclée il y a 15 ans. Pour couronner le tout, il se passe des choses aussi bizarres qu'inexplicables dans son pavillon de banlieue... (cf extrait ci-dessous pour vous donner une idée de ce que je veux dire). Nous avons à faire ici à un thriller à twists (et j'insiste sur le "s"), donc moins vous en saurez et mieux ça vaudra... (le réalisateur refuse d'ailleurs de parler de l'intrigue de son film, et pour une fois, la bande-annonce ne spoile rien ou presque). Mais ce qui aurait pu être une grande réussite (casting impeccable, travail de la lumière, de la photo et du cadre léché, ambiance angoissante très soignée) se prend les pieds dans son scénario en y laissant des trous plus larges que le grand canyon... ce que ne peut se permettre ce type de thriller. Les réactions de certains personnages sont incompréhensibles (et illogiques) et l'enquête, menée en dépit du bon sens maintient un suspens artificiel sur le "whodunit" (il aurait suffit d'une phrase pour justifier certaines de ces erreurs scénaristiques). Alors ma véritable question est : est-ce que le script a perdu des pages en route, le film a-t'il été massacré au montage, coupant des scènes qui auraient rendu sa unité au récit ou est-ce que c'est simplement foiré...? Dommage, j'en attendais beaucoup (le nouveau Usual Suspect, peut-être) et finalement, je suis déçue comme une gamine qui fait tomber la glace que ses parents viennent juste de lui payer. NB : pour les spectateurs masochistes qui continuent d’espérer une pépite dans les inédits Netflix, vous pouvez voir son premier long, Iboy, révision un peu bancal du film de super-héros (seul point positif : très bon casting). de Ping Lumpraploeng Thaïlande - 2018 Après un tournage, un éclairagiste s'endort sur un matelas pneumatique dans une piscine qui se vide. Quand il ouvre les yeux, le niveau d'eau est trop bas pour qu'il puisse remonter et il se retrouve coincé au fond du bassin. Quand il pense que ça ne pourrait pas être pire, un crocodile (qui n'avait probablement rien d'autre à faire) vient lui tenir compagnie... Le film part d'un concept simplissime : comment sortir d'une fosse de 6 mètres de profondeur quand à chaque minute on risque de se faire chiquer par la gueule acérée d'un croco. Le problème, c'est qu'avec un pitch aussi simple, le réalisateur a voulu tenir 90 minutes et complique donc inutilement la situation avec des détails qu'il ne maîtrise qu'à moitié (le personnage est diabétique, après 3 jours sans manger il doit absolument se faire une piqûre d'insuline... pardon ??). Il y a beaucoup, beaucoup trop de "Deus-ex machina" pour que ce film remporte mon adhésion, mais je suis persuadée qu'un court métrage sur le même concept aurait été une merveille. Dans les points positifs, on retrouve quand même des effets spéciaux réussi (on croit sans problème à la réalité du saurien) et quelques jolis plans d'ensemble, vu du ciel sur la piscine vide, les feuilles mortes qui volent au fond... Dans les points très négatifs, on retrouve la fait que le spectateur devra mettre son incrédulité en suspens dès les premières minutes du film (ce demeuré est PRÉVENU que la piscine se vide !!!). Et dans les points inacceptables (pour moi), on retrouve un jugement sur l'avortement qui "en plus d'être illégal (ce qui est le cas en Thaïlande, sauf pour des raisons sanitaires) est un pêché" (dans la religion bouddhiste, mais cela reste en opposition avec mon idée de liberté de la femme, sans parler des "soins" apportés aux femmes qui avortement illégalement...). Bref, merci, mais non merci. de Kinji Fukasaku Japon - 2000 Dans un monde où le Japon s’effondre ("15% de taux de chômage, les adolescents désobéissent à leur parents et sèchent les cours", hum...), une loi est votée : Battle royale. Tous les ans, une classe de terminale, tirée au sort, est envoyée sur une île inhabitée. Ils ont 3 jours pour s’entre-tuer, seul l'unique survivant aura le privilège de rentrer chez lui... Ce qui partait comme une bonne idée sur papier (le film est d'ailleurs l'adaptation d'un roman de Kōshun Takami, retravaillé pour passer à l'écran par Kinji Fukasaku et son fils Kenta Fukasaku ; ironique pour un pitch sur les conflits générationnels) devient quelque chose d'un peu moyen sur écran, et ce pour plusieurs raisons. La première et principale : qu'est-ce que c'est que cette idée à la con d'envoyer une classe s'auto-massacrer pour "l'exemple" si personne n'est au courant des faits ? Je développe : lorsque les ado arrivent sur l’île, ils doivent se taper une vidéo explicative (assez hilarante, il faut avouer) pour comprendre de quoi il s'agit (c'est-à-dire qu'ils ne connaissaient même pas l'existence de cette sympathique petite tradition). De plus, à aucun moment le film ne montre une couverture médiatique de ce massacre... Et au risque de me faire huer (voir empaler) par les puristes, je trouve que cet aspect est mieux traité dans Hunger games et son cirque médiatique. Autre souci majeur, il y a 42 élèves. Donc 42 personnages.... Et franchement, en presque 2 heures que durent le film, il est évidemment impossible de tous les développer. Du coup, on se fout un peu de savoir s'ils vont mourir ou pas, vu qu'on ne connait absolument rien de leur personnalité. Seuls 3 personnages sont davantage développés (en plus de Kitano) et on se doute quand même bien qu'ils vont avoir une importance cruciale pour le déroulement de l'intrigue (donc niveau suspens, zéro pointé). En dehors de ces défauts majeurs, je ne trouve rien à redire sur la qualité de la réalisation, les scènes de tueries ne sont absolument pas PG-13 (ça défouraille sec), et ce jeu de massacre est assez jouissif bien qu'il soit vain et infructueux (dans le sens où la population ignore son existence)... Alors oui, j'avoue, après 5 jours de festival et 4 films dans les pattes (dans les yeux ??), j'ai séché le premier film du Bumilangit Cinematic Universe (sorte de Marvel indonésien, aussi connu là-bas que nos Avengers). Je vous donne donc le résumé que m'en ont fait mes deux comparses, et leur avis sur le film : Sancaka n'a pas eu trop de chance dans la vie, sa mère l'a plus ou moins abandonné et son père s'est fait tuer lors d'une manifestation contre l'autoritarisme gouvernemental. Il est recueilli par un "maître" qui va lui apprendre à se battre et à utiliser son pouvoir : il peut attirer la foudre et s'en servir pour dézinguer les "méchants". Et c'est là qu’apparaît la première grande différence avec le MCU. Sancaka, ou plutôt Gundala, son nom de "super-héros", est bien ancré dans la réalité, c'est une espèce de Robin des Bois, qui part du bas de l'échelle sociale (il est veilleur de nuit) et lutte contre la mafia et les pourris de toutes sortes. Autre intérêt : les scènes de baston sont filmées en plan séquence, avec des acteurs qui pratiquent réellement les arts martiaux, et tournées dans des décors (et non sur fond vert). Ça change un peu de Thor et Captain America (par exemple)!! Petit défaut, cependant, pour nous européens : on ne connait pas du tout les comics dont sont tirés le film. Et l'introduction de certains personnages (que le public indonésien doit reconnaître aussi facilement que l'on identifierait Hulk) arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. La fin est ouverte, avec une scène post-générique qui laisse penser que le public va se manger autant de spin-off que MCU et DCEU réunis (je ne suis pas certaine que ça soit une super bonne nouvelle...) Et le petit Q&A en bonus
0 Commentaires
Votre commentaire sera affiché après son approbation.
Laisser un réponse. |
sorties
découvrez les films en avant-première, ainsi que les sorties récentes à ne pas rater selon mon humble avis (mais vous faites ce que vous voulez). Archives
Janvier 2023
Catégories
Tous
|