Et bim, encore un film iranien improbable (et non ,je ne suis pas stipendié par le ministère de la culture iranien pour leur faire de la pub, d'autant plus que ce dernier n'a pas dû beaucoup lui plaire, vous comprendrez très vite pourquoi en lisant l'article), qui sortira sur nos écrans le 5 décembre prochain grâce aux efforts d'Epicentre films. dix petits nègresUn mystérieux serial killer s’attaque aux cinéastes les plus adulés de Téhéran. Hasan Kasmai, un réalisateur iranien, est étrangement épargné. Censuré depuis des mois, lâché par son actrice fétiche, il est aussi la cible des réseaux sociaux. Vexé, au bord de la crise de nerfs, il veut comprendre à tout prix pourquoi le tueur ne s’en prend pas à lui.. et cherche, par tous les moyens, à attirer son attention. C'est sur ce pitch iconoclaste que s'ouvre le septième film de Mani Haghighi, pratiquement inconnu chez nous mais auteur populaire en Iran d'une demi-douzaine de films (dont le deuxième, écrit par son mentor Abbas Kiarostami avant qu'il ne se brouille avec lui) ont assis sa réputation de réalisateur "borderline". Et borderline il l'est assurément en s'attaquant à ce portrait d'un artiste ostracisé par le système politique comme par le public décidant de devenir la cible d'un sérial killer pour sauver sa réputation d'Auteur Subversif! sept et demiPIG, c'est d'abord et avant tout le portrait (l'autoportrait?) d'un artiste en crise. Comme le personnage incarné par Marcello Mastroianni dans Huit et demi, il traverse une crise d'inspiration, mais à la différence de ce dernier il doit supporter en plus la censure des autorités iraniennes, qui lui interdisent de tourner autre chose que des publicités. Rien que ça déjà, suffit à poser le bonhomme, et sa liberté de ton face au régime. Mais là où un public occidental aurait pu s'attendre à un drame réaliste à la Japhar Pahani (qui souffre toujours d'une très réelle interdiction de filmer), Mani Haghighi parvient par on ne sait quel miracle à se moquer des règles en vigueur dans son pays en offrant une satire tirant tous azimut sur l'hypocrisie de la Haute-Société,des réseaux sociaux et l'archaïsme du fondamentalisme religieux excusez du peu! prestige de la mortA l'instar du film de Luc Moulet, dont je cite le film en titraille mais qu'il n'a probablement pas vu, le personnage incarné par Haghighi souffre de n'être pas reconnu à sa juste valeur; égocentrique, mais veule, caractériel et immature, il fait songer à un frère spirituel de Michele Apicella, le personnage incarné par Nanni Moretti dans ses premiers films, en plus punk et un poil moins sociopathe. Harcelant son égérie (la sublime Leila Hatami, découverte en France dans Une séparation) en usant de tous les stratagèmes du pervers narcissique pour qu'elle ne tourne pas avec le dernier cinéaste à la mode Hamid Nematollah, tandis que Ebrahim Natamikla, un chantre du régime ou Rakhan Bali Eternan (tous deux de vrais réalisateurs) meurent sous les coups du mystérieux assassin, Hasan refuse la fatalité en provoquant le tueur sur son terrain. il veut mourir. Il DOIT mourir, pour sauver ce qui lui reste d'estime de soi. Mais le moment venu, en aura t'il le courage? Hail Hail rock'nrollSi le sujet est déjà en soi un énorme doigt d'honneur dressé à la société iranienne sclérosée par ses tensions entre le respect de façade de la Révolution et la réalité vécue par les couches les plus privilégiées d'icelle, en même temps qu'un jeu de massacre jouissif qui évoque sur un mode très punk les slashers américains des années 80, PIG se démarque du genre en jouant la carte de l'humour absurde, entremêlant comédie musicale, opéra rock, drame psychologique et fable politique. Au final, l'identité du tueur (une figure symbolique de l'oppression d'État, de la bêtise obscurantiste qui obombre la société iranienne contemporaine, ou simple Mac Guffin servant de prétexte à l'intrigue, à vous de voir) n'a pas plus d'importance que le trip égotiste de sa victime frustrée. Malgré ses quelques faiblesses de scénario, et un final dramatique en complet décalage avec le reste du métrage (à moins qu'il ne s'agisse d'une volonté de l'auteur de confronter son personnage à l'horreur de la réalité?) , PIG demeure une comédie iconoclaste extrêmement imaginative, qui rédime par ses audaces visuelles ses maladresses narratives. Certainement pas un grand film, mais une bonne bouffée d'air frais venu d'un pays dont on n'attendait pas une telle légèreté de ton. Oui les iraniens savent rire d'eux-mêmes, et c'est communicatif. Ha, et si vous vous demandez pourquoi le film s'appelle "Pig", en dehors du fait qu'il fait référence aux exhortations du psychopathe Charles Manson dont le serial killer du film reprend le gimmick, et bien votre première intuition était la bonne: c'est bien pour emmerder le Comité de Censure Iranien! Ce type est un vrai punk! Respect. PIG (KHOOK) Réalisation : Mani Haghighi Scénario : Mani Haghighi Avec Mani Haghghi, Leila Hatami, Leili Rashidi, Ali Mosaffa IRAN/ 2018/ 1h48 Sortie Française : 5 décembre 2018
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