![]() (las brujas de Zuggaramurdi) réalisé par Alex de La Iglesia, avec Carmen Maura, Hugo Silva, Mario Casas, Carolina Bang, Carlos Aceres Espagne-France/2014/1h52/VOST Le mâle ibère rien pour attendre. (proverbe sibyllin) Toutes les femmes sont des sorcières: voilà la conclusion à laquelle est arrivé José alors qu'il prépare le hold-up d'un mont-de-piété de la Puerta Del Sol à Madrid. Blessé dans son orgueil de mâle hidalgo par les coups de boutoirs d'une modernité revendiquant bien haut l'égalité des sexes dans une société qui a encore bien du mal à l'admettre plus de quarante ans après la mort du Généralissime, José dit basta à son ex-femme, sa pension alimentaire et est bien décidé à prendre le taureau par les cornes. Habilement grimé en Jésus portant sa croix (ben quoi?), et accompagné de Tony, bellâtre un peu béta déguisé en GI Joe vert (meuh?), de Manuel, chauffeur de taxi pris en otage, et enfin de Sergio, le fils de José (parce que c'est son jour de garde et que c'est pas parce qu'il commet un braquage horriblement dangereux qu'un père responsable va se laisser dépouiller de ses droits), la fine équipe de bras cassés contre toute attente réussit son coup et prend la fuite vers la frontière française. Objectif: la liberté, loin des femmes et de leurs attraits diaboliques. Oui mais voilà: le Destin qui doit être secrètement transgenre, a décidé de jouer un tour dont il a le secret à cette petite troupe de misogyne, en les égarant dans un village de Navarre à la réputation sulfureuse: Zuggaramurdi, le Salem espagnol où se tinrent naguère d'authentiques procès en sorcellerie.Vous devinez la suite? Et oui, nos trois machos vont tomber dans les griffes de vraies sorcières, bien décidées a faire payer au hommes le sort injuste auquel ils les ont condamnées au cours d'un Sabbat qui va se tenir incessamment sous peu, comme ça tombe bien dites donc. Je ne sais pas si Alex a divorcé récemment (et d'ailleurs on s'en fout), mais la crise actuelle dans laquelle se débat son pays semble fouetter son imagination, parce qu'on ne l'avait pas connu aussi en forme depuis Action Mutante, que l'Absurde Séance s'était fait un devoir de diffuser voilà deux ans. Épaulé par une troupe de comédiens au taquet (au premier rang desquels il convient de saluer la performance le la grande Carmen Maura, hilarante de méchanceté cartoonesque, mais aussi l'explosive Carolina Bang et l'excellent Hugo Silva, vu récemment dans un rôle aux antipodes dans Les amants passagers), il mène son récit tambour battant, multipliant sans jamais lasser les gags et les scènes d'actions, recycle en les parodiant au passage bon nombre de clichés des films fantastiques commis ces vingt dernières années, et vous laisse à l'arrivée pantelant et ravi, comme à la sortie d'un Grand Huit. Si la crise financière et existentielle des mâles méditerranéens doit produire d'autres œuvres du même acabit, alors je n'hésite pas à proclamer: merci l'Europe, et votez Barroso! Aïe!Ouch!... Non, finalement, non.
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![]() (Blutgletscher) écrit et réalisé par Marvin Kren, avec Gerhardt Liebmann, Brigitte Kren, Edita Malovcic, Felix Röhmer, hille Beseller. Autriche/2013/1h33/VOST Ayé c'est février, le mois de l'environnement et du festival international à icelui dédié. Et qui dit film d'environnement dit...attaque de bouquetins-ours mutants? Ha bon, d'accord, après tout l'année dernière c'était des sushis volants carnivores, par comparaison ça parait presque raisonnable. Le mot-clé étant "presque". Mais comment une telle chose a t-elle pu arriver, vous demandez-vous ? Et bien les protagonistes, dans une touchante empathie avec les spectateurs, se posent la même question (c'est à cette communion intime entre héros et spectateurs qu'on reconnait la marque des génies). Quand Janeck, le technicien d'une station scientifique perdue aux confins des Alpes autrichiennes découvre au cours d'une expédition la présence d'un liquide rouge de nature inconnue sourdant d'un glacier en péril (la montagne saigne, vous saisissez? Subtil), il s'oppose lorsqu'il veut en faire état à un fin de non-recevoir de la part de ses collègues. La ministre de l'environnement Bodicek doit débarquer incessamment pour une opération de com', et pas question de faire de vague. Janeck, déjà miné par une séparation douloureuse, s'abîme dans l'alcool tandis qu'au dehors le mystérieux liquide propage ses miasmes mutagènes sur une faune mal informée des dangers inhérants aux films d'horreur "environnementaly friendly", et provoque sa conclusion imparable: l'attaque des renards-scarabées et des bouquetins-ours sur une humanité coupable tout les maux! Heureusement pour cette équipe de branquignols, la ministre va s'avérer une dure à cuire qui n'hésitera pas à dessouder du mutant à coup de perforeuse... Comment ça c'est n'importe quoi? Pardon, mais dans la tête de Marvin Kren, auteur d'un film de zombie décalqué sur "28 jours plus tard" et de nombreux court-métrages du même tonneau, c'est tout à fait logique! Produit pour une poignée d'euros avec la foi du charbonnier, Kren réalise sa version "Sachertochter" du "The thing" de Carpenter (mais vous l'aviez tous reconnu) en refusant toute compromission moderniste: pas de monstre crée à la truelle numérique comme dans tant de productions impécunieuses, mais de la bonne vieille marionnette en latex et animatronique qui apporte un effet de réel à un récit qui en est par ailleurs totalement dépourvu! On pourra juste regretter que Marvin n'ai pas eu suffisamment confiance dans ses créatures et et qu'il ait eu recours au combo "tremblante du mouton en gros plan", une maladie chronique des cadreurs de films fauchés (mais aussi des blockbusters, vous avez vu "Man of steel"?) Tout aussi débiné pour sa fin idiote qu'encensé pour sa volonté de faire un film à l'ancienne, "The Station", toujours inédit en salle, a fait son trou dans les festivals et son chemin jusqu'à nous. Et si vous vous grattez le menton en vous demandant si vous allez tenter le coup, je suis là pour vous taper sur l'épaule et vous rappeler que c'est le FIFFE qui paye, et que la séance est gratuite. Alors qu'est-ce que vous avez à perdre? 1h30 de votre vie? Ben oui, mais vous ne le regretterez pas! ![]() Écrit et réalisé par Brian DE PALMA USA 1974 1h32 VOSTF avec Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, Gerrit Graham... Musique de Paul Williams Avec l'inévitable – et bien inférieur – Rocky Horror Picture Show, réalisé deux ans plus tard, Phantom of the paradise est le rejeton le plus fameux, et probablement le plus réussi, de l'union sulfureuse entre le rock et le fantastique. Le film qui nous a fait découvrir Brian De Palma – Soeurs de sang, tourné avant, est sorti en France après – reste l'un des films de chevet de notre cinéphilie baroque alors naissante... Le génial quoique méconnu compositeur Winslow Leach vient proposer aux Disques « Death » (tout un programme, il aurait dû se méfier!) sa cantate inspirée de Faust. Elle pourrait être jouée pour l'inauguration du « Paradise », le club de rock'n roll définitif que vient de créer Swann, l'empereur du show-business, mythe vivant protégé par quelques gros bras sans états d'âme, lui-même compositeur en panne sèche d'inspiration et ci-devant directeur de la maison de disques de la mort. Alors Swann signe un contrat avec Winslow, s'empare de sa musique et s'arrange pour faire disparaître le naïf compositeur... Winslow parvient pourtant à s'évader. Privé de sa voix et de son visage (vous verrez vous-même le pourquoi du comment), il revient hanter les coulisses du « Paradise », véritable fantôme vivant assoiffé de revanche... « Le Fantôme de l'Opéra » immortalisé par Gaston Leroux, plus le mythe de Faust et des emprunts au « Portrait de Dorian Gray » d'Oscar Wilde, tout cela compose un cocktail détonnant auquel la verve et l'imagination visuelle de Brian De Palma donnent une rare saveur. Phantom of the Paradise, c'est du cinéma de fête, un régal pour les amateurs de mélodrame baroque, un morceau de choix pour les fans d'humour satirique et de fantaisie débridée, un grand moment pour les amoureux du fantastique (ça commence à faire du monde...). Du cinéma bourré de vitamines et de références à la culture populaire, ô combien jouissif... (d'après la chronique rédigée par mes collègues du cinéma Utopia de Bordeaux). ![]() (Young Frankenstein) réalisé par Mel Brooks, avec Gene Wilder, Marty Feldman, Peter Boyle, Madeline Kahn, Teri Garr et un Gene Hackman méconnaissable! USA/1974/1H46/VOST Certains d'entre vous, jeunes et fidèles sectateurs de l'Absurde Séance, l'ignorez sans doute, mais il fut un temps pas si lointain où Mel Brooks était un dieu; où la seule évocation de son nom suffisait à précipiter des foules de spectateurs avides de comédie déjantée vers les salles obscures, à une époque où le summum de l'humour pour le public français consistait à assister aux "désopilantes" aventures des Charlots (pour le meilleur) ou des Treize cloches (pour le pire). C'était l'époque où la France subissait le joug des comédies pas drôles dirigées par les quatre cavaliers de l'apocalypse nanarde, j'ai nommé Phillipe Clair, Richard Balducci, Michel Caputo et Max Pécas. Les rares incartades de comiques étrangers , (Monty Python, National Lampoon) restaient confidentielles voire incomprises. C'était le désert, l'affliction...Heu... LE MOT DU COLONEL KURTZ: "L'HORREUR?" Merci Colonel Kurtz, c'est le mot que je cherchais! C'est peu dire que lorsqu'apparurent au mitan des années 70 sur les écrans français les premiers films de Mel Brooks, un vent de panique salvateur est venu balayer la lande désolée de la comédie pouet-pouet, au point que nos franchouillards aux abois se sont mis à se gratter la tête en disant: "mais qui c'est ce Mel Brooks?" Et bien, cher amis minables, Mel Brooks est un rejeton particulièrement doué du Bortsch Belt, le circuit de salles de spectacles juives de l'Etat de New York, dans lequel bon nombre de comédiens tels que Jerry Lewis ou Danny Kaye firent leurs premières armes. Comédien, scénariste, il devient réalisateur avec "the producers", hilarante satire de Broadway dans laquelle deux escrocs montent la pire comédie musicale de tous les temps: Springtime for Hitler...Oui, le bon goût est le cadet de ses soucis, et cette verdeur deviendra sa marque de fabrique au travers de son arme favorite: la parodie des genres hollywoodiens: parodie du western dans "Le sherif est en prison", du space opera dans "Spaceballs", de l'âge d'or du film muet dans "Silent movie" (son meilleur film à mes yeux de modeste aficionado), et des classiques films d'horreur de la Universal avec "Young Frankenstein", nous y voilà (ouf!). Armé de son mauvais goût très sûr, de son talent pour les répliques qui tuent et de son sens imbattable du tempo, Brooks revisite les deux chef-d'oeuvres de James Whale, Frankenstein et la fiancée de Frankenstein*, et réalise l'exploit de transformer une fable tragique en énorme déconnade non pas en la traitant avec condescendance, mais au contraire en respectant à la lettre les codes du genre, tout en les poussant dans leurs ultimes retranchements. Lachés dans les décors du film de 1931, les acteurs, au premier rang desquels Gene Wilder incarnant un petit-fils du docteur Frankenstein peu enclin à reprendre la suite de son illustre parent, et surtout Marty Feldman, célèbre acteur de second rôle au strabisme très très divergent dans le rôle d'Igor, s'emparent du classique de l'Universal pour en pervertir les rôles en les poussant jusqu'à l'absurde. Frankenstein junior, lettre d'amour adressée par un jeune auteur au cinéma qu'il adorait enfant, devenu un classique pour les générations suivantes, demeure un jalon pour les cinéphiles déviants qui se sont remis à croire que la comédie n'était pas morte. Et rien que pour ça, on lui pardonnera les catastrophiques Robin Hood et Dracula, mort et heureux de l'être, legs embarrassants d'un auteur vieillissant par alleurs tant pillé par les générations suivantes, le Saturday Night Live aux USA, ou les Nuls et leurs descendants en France. *C'est bien gentil tout ça, mais de quoi ça parle au juste Frankenstein junior? -Et bien pour le savoir, jeune béotien, tu vas commencer par louer dans ton videostore préféré Frankenstein, si tu ne l'as pas vu, et ensuite tu vas ramener tes fesses à l'Absurde Séance pour comprendre à quel point l'adapation de Mel Brooks tape dans le mille. Ca te va comme ça? ![]() JEU D'ENFANT(child's play) De Tom Holland, avec Chris Sarandon, Catherine Hicks, Alex Vincent et la présence diabolique de Brad Dourif. USA/1988/90mn/VOST Interdit aux moins de 12 ans (Haha...hum, pardon). Les poupées c'est le Mal: elles sont laides, elles sont fabriquées en Chine (ce qui fait pleurer la nuit notre ministre du redressement productif), elles inculquent dans nos chères têtes blondes des stéréotypes physiques discriminants (comme dans l'expression "nos chères têtes blondes" pour désigner tous les enfants de France), et en plus, des fois, elles essayent de nous assassiner. Pas seulement à cause des éléments infects issus de l'industrie pétro-chimique qui les constituent,non, mais carrément avec des couteaux de cuisine! Heureusement, un homme s'est levé pour dénoncer cette menace. Cet homme, c'est Tom Holland, un courageux cinéaste qui avait déjà alerté l'opinion publique sur l'inquiètante infiltration de vampires décadents à l'intérieur des banlieues américaines dans son documentaire sans concessions "Fright Night". Ce soir, Tom nous livre le témoignage bouleversant de Karen Barclay, une mère célibataire qui offre à son fils Andy une poupée "Good Guy" (mon dieu comme c'est ironique...), sans savoir que l'esprit démoniaque du tueur en série Charles Lee Ray y a trouvé refuge grâce à un subterfuge vaudou alors qu'il se faisait descendre par l'inspecteur Mike Norris (elle aurait quand même pu se renseigner, mais bon en même temps elle l'a acheté à un clochard rencontré au coin d'une rue glauque, fallait pas qu'elle s'attende à un facture non plus). Le problème avec les poupées hantées, c'est qu'elles cherchent obstinément à se réincarner dans le corps de leur propriétaire, fut-il un garçon de six ans, Et la c'est le drame: défenestrations, explosions inexpliquées, cabotinage ehonté, nain déguisé dans un costume ridicule, rebondissements sans rimes ni raison, répliques indignes d'un Schwarzenegger, en un mot: l'Horreur... Et aux myopes qui auraient raté la photo illustrant cet article, on parle bien ici de CHUCKY, car c'est sous ce titre anodin de "Child's play" que se cache une des franchises les plus lucratives d'Hollywood à l'époque où tous les studios tentaient d'émuler les hits que furent "Vendredi 13" et "les griffes de la nuit" pour NewLine. Celle-ci est signée United Artist (excusez du peu!). Si comme moi vous faites partie des ados attardés qui ont découvert avec un ravissement rigolard cet Opus Minimus du cinéma d'horreur en VHS dans votre vidéoclub de quartier, ne ratez pas l'occasion de le (re)voir sur grand écran, parce que ça ne se représentera pas de sitôt! |
Absurde SéanceToutes les chroniques écrites dans le cadre du festival entre 2011 et 2015 Catégories
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