(Death race 2000) réalisé par Paul Bartel, avec David Carradine, Sylvester Stallone, Simone Griffieth, Mary Woronov, Robert Collins 1975/1H20/VO/Vidéo Soyez honnêtes et répondez à ce petit quizz: Pouvez-vous imaginer un film où David Carradine déguisé en Batman de soirées SM ficherait une sévère dérouillée à un Sylvester Stallone affublé d'un costume de gangsters des années 20? Vous attendiez-vous sincèrement à ce que dans le futur, après le Krach financier de 1979, les Etats-Unis soient rebaptisés Union des Province-Unies d'Amérique et dirigés par un Président à Vie qui bénirait son peuple depuis son palais d'été à Pékin? Pouvez-vous concevoir une course automobile à travers l'Amérique dont le but n'est pas tant d'arriver le premier que d'écrabouiller le plus de piétons possibles pour marquer un maximum de points? Saviez-vous que dans ce même futur les français étaient devenus d'immondes terroristes tous voués à la destruction de la Grande Amérique? Si vous avez répondu oui partout, bravo, vous êtes un fin connaisseur de la filmo de Paul Bartel, et je vous félicite. Si vous avez répondu non à au moins une des question, que la honte et l'opprobre vous obombre! Mais comme je suis bon prince, je vous invite cordialement mais fermement à assister à une leçon de géopolitique agrémentée de darwinisme social sur fond de cartoon trash: bienvenus dans la version live et gore de Satanas & Diabolo, et bienvenus à la 20ème édition de la Course Transcontinentale, qui va traverser le pays d'est en ouest en espérant faire sauter le record de victime de l'année passée. Les concurrents de cette année font déjà réver: outre Matilda the Hun, fière aryenne à svastika, Nero the hero, bellâtre de service, et la farouche amazone Calamity Jane, les deux stars de la compétition sont le champion et son challenger, à savoir Frankenstein (David Carradine) et Machine Gun Viterbo (Sylvester Stallone!). Pour suivre la compétition minute par minute, on pourra compter sur le talent et la compétence de journalistes chevronnés, en particulier Junior, propagandiste hystérique, épaulé dans son sacerdoce par l'atone Harold et la pétulante Grace, toujours prompte à consoler devant les caméra les veuves des trépassés en leur offrant des télévisions "son octophonique" pour suivre la course. La seule chose que personne n'a prévu dans cette saine compétition symbolisant les meilleures des vertus américaines, c'est l'irruption dans le tableau d'un groupe de "Résistance à l'écrabouillement des paisibles piétons", qui va tout mettre en oeuvre pour saboter l'épreuve et dénoncer aux yeux du peuple le caractère fascisant de la course et du régime qui l'organise... C'est en 1975 que Bartel, alors acteur, scénariste, et déjà auteur d'un film à petit budget passe derrière la caméra pour le compte de Roger Corman (béni soit son Nom) pour réaliser ce petit bijou d'humour noir. Les années Nixon et leur climat délétère s'achèvent à peine, et la critique radicale de toutes les institutions qui s'est emparé du cinéma indépendant a débordé de manière aussi imprévue que jouissive dans le cinéma d'exploitation. Alors que Coppola dans Secret conversation ou Watkins dans Punishment Park dénoncent sérieusement les dérives anti-démocratique du système, Bartel reprend le thème et signe un film résolument rock n'roll, un pur divertissement qui, sans jamais se prendre au sérieux, se permet de tirer à boulets rouges et avec un enthousiasme roboratif sur tout ce qui l'énerve: les mass média au service du pouvoir, le grégarisme des foules, la démagogie et le mensonge érigés en doctrine d'Etat, pour ne citer qu'eux. Bien sûr comme nous sommes dans un film de papy Corman le film remplit son quota de donzelles dénudées et d'action bourrine sans que cela en devienne jamais lassant, grâce encore une fois au talent de metteur en scène de Bartel, qui joue résolument la carte du second degré et du cartoon: les scènes de poursuites ou d'altercation entre les personnages, ainsi que les pièges tendus par la Résistance font irrésistiblement penser aux fous du volant et à Bip-bip & Will Coyote. On pourrait passer des heures à citer les inventions du scénario (rien que la scène dite du "jour de l'euthanasie" à l'hopital est devenue une scène d'anthologie) mais ce serait vous gâcher le plaisir. Un mot quand même sur la distribution: l'ensemble des acteurs, malgré la disparité de leurs talents respectifs, s'étant mis au diapason du réalisateur, c'est à un festival de cabotinage volontaire que nous assistons, éberlués et hilares; tous plus ridicules les uns que les autres, le Président et ses poses de Maitre du Monde nanar, les journalistes insupportables, les résistants un peu concons et surtout les coureurs, au premier rang desquels explose Stallone dans un de ses premiers rôles, qui est tout simplement grandiose de bétise et de brutalité. Succès inattendu de l'année 75, Death Race engendra de multilpes suites et plagiats sur le thème panem et circenses au service de l'Empire, plus un remake raté en 2008. Aucun n'a jamais retrouvé l'esprit joyeusement foutraque et subversif du premier opus. Moralité, méfiez-vous des imitations, foncez voir l'original!
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